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Blog professionnel de Dominique Lahary, bibliothécaire. Mes propos n'engagent que moi.

Les bibliothécaires ont-ils le monopole du discours sur les bibliothèques ?

Posted by Dominique Lahary sur 21 janvier 2008

Un simple message de moi sur un aspect d’un interview d’un universitaire sur Télérama, révélant à mon sens un malentendu sur le désherbage, a déclenché une série de message dénonciateurs. J’y ai décelé ce que je juge comme un danger : la tendance d’une profession (là nôtre par exemple) à détenir le monopole du discours public sur son champ d’activité.

C’est pourquoi, en même temps d’un texte de fond sur le désherbage, j’ai posté un message intitulé Les bibliothécaires ont-ils le monopole du discours sur les bibliothèques ?

Si la bibliothèque est un objet de politique publique, ceux qui s’en instituent les professionnels ne sauraient en aucun cas prétendre à quelque monopole sur leur présence dans le débat public.

Ecoutez tant qu’il est encore temps cette émission de France-Culture sur la médiathèque comme politique publique : vous y entendrez parler élus et professionnels de façon entremêlée et parfois à front renversé (Travaux publics de Jean Lebrun, émission du 17 janvier 2008 : En direct de Pau, quel avenir pour les médiathèques ?).

6 Réponses to “Les bibliothécaires ont-ils le monopole du discours sur les bibliothèques ?”

  1. Yvonnic said

    Non, les bibliothécaires n’ont pas, à priori, le monopole du dicours sur les bibliothèques. Et c’est une bonne chose.Et de toutes façons ils l’aurons de moins en moins.La propension au discours utilitaire, au calcul du « juste retour sur investissement en temps de crise « va bientôt rendre majeure l’intervention d’autres intervenants au radicalisme et au pragmatisme qui nous permettront de nous « recadrer ». Qu’ils plaisent ou non est un autre débat…

    Mais comment expliquer la frenesie de floraison de sites professionnels, tous plus corporatistes les uns que les autres, ces dernieres années, la diminution très sensible des débats sur Biblio.fr, débats aussi rares que le nombre de ceux qui y participent (une poignée des memes signatures, tous gens de meme statut et notoriété en general), débats reportés de fait sur maints blogs et forums, plus libres, plus ouverts (?), la baisse du nombre d’adhérents annoncée par l’Abf ?

    A quand un accueil véritablement ouvert pour nos collègues sociologues – M.POISSENOT, par exemple,qui nous dit que 20% des inscrits disparaissent chaque année ! et ne peut le publier qu’au Québec !– et leurs travaux, la prise en compte souriante des propos de nos amis journalistes,et des amis philosophes qui nous font l’honneur d’un billet de temps en temps?

    Pourquoi les « petits personnels » ont PEUR (je l’affirme !) de s’exprimer sur les débats de Biblio.fr, pourquoi les questions qui les concernent (statuts, primes, difficultés de tous ordres avec leur hierarchie..)sont rarement suivis de débats (animés il est vrai precisement par leurs chefs de service…).Pourquoi certaines plumes peuvent donner leur nom sans crainte, et d’autres doivent se cacher peureusement derriere des pseudos ?

    Qui compte pour du beure et qui fabrique le beurre pour lequel d’autres vont compter ? Parlez-nous de pouvoir, pour voir.

    Pourquoi cet eclatement de la parole professionnelle à l’heure où, normalement, comme toute communauté menacée, elle devrait se regrouper et avoir sur beaucoup de sujets un discours plus univoque ?

    Et les élus, les acteurs du secteur marchand, pourquoi restent-ils ceux dont on parle, au lieu d’être ceux à qui l’on parle ?

    «  »Un simple message de moi sur un aspect d’un interview d’un universitaire sur Télérama, révélant à mon sens un malentendu sur le désherbage, a déclenché une série de message dénonciateurs. J’y ai décelé ce que je juge comme un danger : la tendance d’une profession (là nôtre par exemple) à détenir le monopole du discours public sur son champ d’activité » »

    Un simple mot de VOUS,justement par votre implication et votre statut bien particuliers peut effectivement déclencher les foudres de certains…qui auraient tendance à considérer que VOUS etes LA VOIX progressiste de la profession.D’autres intervenants, tout aussi, ou aussi peu (?) représentatifs de plus de 4000 bibliothèques françaises ne suscitent pas le meme type de réaction – les voix de B. Majour, B. Straimchamps, Nicolas Morin, P-J Lamblin, Jerome Larrieu,Bruno David, Olivier Ploux et peu d’autres-

    Pourquoi intitulez-vous votre Blog D.LAHARY, Bibliothécaire, terme générique et rassembleur puisque tout le monde se dit bibliothécaire comme tous les frigos se disaient frigidaires à une époque. Pourquoi ne pas dire « Conservateur de la BDP du Val d’Oise ». C’est moins rassembleur, trop ciblé ?

    Nous ne sommes pas une grande famille, monsieur Lahary, mais la Tour de Babel. Si vous voulez faire rentrer dans l’Arche salvatrice un maximum de voix extérieures, laissez un peu les armes au vestiaire et cessez donc de provoquer systématiquement cette pauvre et indiscernable profession qui comence à sentir le sapin, avec un plaisir personnel que votre insistance me ferait facilement imaginer parfois plus sadique que militant. Encore que l’un n’empeche pas l’autre.

    Et pour les gommettes des romans du secteur ados, au fait, vous me conseillez quelle couleur et quel place au dos du livre, monsieur le Directeur ?

  2. Yvonnic said

    «  »Le blogueur « des bibliothèques 2.0 » écrivait le 24 août 2007 : « Le jour où nos bibliothèques se seront transformées en grand hangard de stockage avec un service d’envoi chez les particuliers ; la réservation ayant été faite en ligne – est l’un de mes grands phantasmes… » (). Voilà en tout cas un moyen terme qui fonctionne. Il a l’immense avantage : de concilier le nécessaire désencombrement de la bibliothèque visible avec le maintien d’un large choix : de gérer économiquement, par un stockage mutualisé d’un nombre plus réduit d’exemplaires par titre, une offre élargie. «  »

    Quelle méconnaissance des publics faut-il que vous ayez pour s’imaginer qu’ils viendront dans des hangars chercher des livres reservés par internet ! Le public fréquente sa bibliotheque de proximité pour une foule de raisons prondement humaines et complexes, et surtout individuelles. Il semble meme, d’apres les statistiques, qu’il y viennent de moins en moins pour emprunter et de plus en plus en « fréquentant multiple ».Les bibliothécaires Web 2.0 ont beaucoup d’humour et souvent un petit grain bien agréable. Mais vous sautez sur l’occasion…L’apologie du hangar !
    Oui, la bibliothèque est un objet de politique publique, et à ce titre justement elle est porteuse en matière de tissu social et d’égalité de beaucoup plus de valeurs que de la simple distribution de livres gérée économiquement !

  3. Je laisse de côté votre commentaire sur le hangar – je suis d’accord avec vous sur l’importance du lieu, le hangar peut-être utile pour une logistique de fourniture, c’est tout c’est déjà pas mal. Je n’imaginais évidemment pas y accueillir le public !

    Votre commentaire précédent comprend beaucoup de «pourquoi». Je n’ai pas la clé de tout cela et ne fais pas forcément les mêmes rapprochements que vous.

    Je reconnais rechercher l’efficacité dans l’exécution de politique publiques : cela me paraît la moindre des choses dans une logique de service public.

    Floraison de «sites professionnels tous plus corporatistes les uns que les autres» ? Il n’y en a pas tant que ça et n’ai pas bien vu en quoi le corporatisme les qualifie en général.

    La rareté des débats sur biblio-fr ? J’entends beaucoup s’en plaindre. La meilleure réponse est d’en faire vivre.

    La baisse du nombre d’adhérents de l’ABF ? C’est un danger qui guette associations et syndicats (même si je n’assimile absolument pas les unes et les autres). Mais rien n’est joué.

    L’accueil pour les sociologues ? Je partage avec Claude Poissenot beaucoup de positions et ai permis la publication d’un de ses textes sur le site de l’ADBDP. Je fais partie de ceux qui s’efforcent d’accueillir la parole sociologique dans le débat professionnel et ne suis pas si pessimiste à ce sujet.

    L’éclatement de la parole professionnelle ? Je la trouve salutaire car dans cette période à la fois passionnante et dangereuse que nous vivons, il y a des débats, des oppositions. Une unanimité défensive me paraîtrait dangereuse justement. Préféreriez-vous que tout le monde soit de votre avis ? Je ne pense pas puisque vous dites que nous ne sommes pas «une grande famille» mais «la tour de Babel».

    Les acteurs du secteur marchand ? On peut leur parler, je m’y suis toujours efforcé personnellement, qu’il s’agisse des fournisseurs de logiciels ou de données ou les libraires (signez l’appel de lekti-écriture : http://www.lekti-ecriture.com/contrefeux/Appel-pour-le-livre,316.html).

    Vous me proposer de me présenter «conservateur de la BDP du Val d’Oise» mais vous ne trouverez jamais une ligne de moi où je me présente ainsi. Dans mes articles sur les statuts ou la gestion des ressources humaines ou la question du métier, j’ai toujours soigneusement distingué le métier, la fonction, le statut. «Conservateur» n’est qu’un statut qui ne qualifie rien d’autre qu’un parcours dans la grille des fonctions publiques. Je me reconnais dans la fonction de directeur de BDP, que je n’assimile jamais à un quelconque grade. Et mon métier, c’est bibliothécaire. Je ne cherche pas à rassembler dans une unanimité à laquelle je ne crois pas, mais qualifie un métier, c’est tout. Il y a quand même une communauté professionnelle, qui peut débattre contradictoirement. Et puis quand je participe à un débat ou que j’écris sur ce blog, je ne m’exprime pas en tant que directeur de telle BDP et n’engage en rien le Président de mon conseil général. Je m’exprime à titre personnel comme membre d’une profession. permettez-moi de m’accorder ce droit que je vous accorde à vous

    Représenter «LA VOIX» (progressiste ou que sais-je encore) ? J’espère que non. J’ai peu de goût pour les vaches sacrées et les références uniques. Cette logique de médiatisation (qui heureusement ne joue que dans un tout petit cercle), je la trouve pesante. Un peu de déboulonnage ne fait pas de mal. Merci d’y contribuer. Et de me donner l’occasion d’en parler.

    Je termine par cette question de la peur des « petits personnels », comme vous dites. Vous me savez assez sociologue pour être très sensible à une question comme celle-là. Parce que je pense aussi à ces autres peurs : celle de d’entrer dans une bibliothèque, de poser une question au personnel, d’avouer de qu’on lit en passant par la banque de prêt…) Je ne vous crois en rien défenseur de l’ensemble des « petits » comme je ne suis pas l’interprète de l’ensemble des «gros», des «riches», des «chefs» ou des «conservateurs». Mais je sais bien que l’expression n’est pas également répartie hiérarchiquement ni même sexuellement. Faut-il pour autant « la boucler » et est-ce que vous me conseillez ? Je préfèrerais que soit lancé un débat sur le sujet sur biblio-fr. Chiche ?

    (Je n’ai pas d’avis sur tout, notamment sur les gommettes, Monsieur le… le quoi, au fait ? Puisque vous me réduisez à un statut sans décliner le vôtre).

    Bien cordialement.

  4. Yvonnic said

    Un grand débat sur Biblio.fr sur les « petits », leur quotidien, leut problemes insolubles, leurs budgets de misère, les prsonnels non-professionnels qu’on leur impose (c’est ça ou rien!), leurs locaux mal foutus, mal chauffés, sur l’installation desquels ont ne leur demanda jamais leur avis, leur logiciel de m…egalement imposé (vous savez duquel je parle, puisqu’on me dit ue poussâtes un jour un certain coup de gueule contre le produit en question .Jste colère pour vous, Un triste fatalisme pour moi qui suis tenu de l’utiliser chaque jour.Continuons la plongée dans l’austerité : un rapport temps de travail interne/temps public de plus en plus defavorable, le combat solitaire contre les drh pour obtenir l’attribution de la NBI,le combat perdu d’avance contre une mutualisation des moyens pensée par des gens qui n’y voient qu’un moyen de faire des economies d’échelle, des élus qui encensent la manne bdp qui leur permet de ne jamais augmenter leurs budgets propres (oui c’est l’un des effets pervers de l’assistanat : on ne compte plus que sur ça), l’absence debudget de reliure, le miserabilisme des equipements internet, les statuts de contractuels qu’on reconduit indefiniment etc…vous en voulez du quotidien de pauvres, monsieur l’organisateur de territoires ?
    Je ne suis pas le defenseur des petits, j’en suis un.

  5. Je sais bien que tout cela existe, j’agis à ma façon pour ce qui est en mon pouvoir et ne vois pas en quoi c’est opposable à mes propos. Ce que je dis, et d’autres avec moi, n’est pas une ruse pour faire accepter la misère. Je ne vois pas la mutualisation comme un moyen de faire à tout prix des économies d’échelles sur l’existant, mais comme un cadre dans lequel penser (et obtenir des moyens pour) le développement. Désolé, vous me faites porter un chapeau qui n’est pas le mien.

    Et je ne vous considère pas comme un « petit », pas plus que Bernard Majour, dont j’apprécie comme vous les contributions.

    Vous signalez un danger éventuel des BDP qui justifierait le manque de moyens locaux. Cela peut exister. J’ai proposé dans mon département la dotion de « non substitution » qui conduit à ne pas se substituer aux compétences et volontés politiques locales, mais à les soutenir et les susciter.

  6. Yvonnic said

    Je suis très interessé par votre notion de « non substitution », mais j’aimerai beaucoup en connaître des modalités pratiques.

    En effet, meme si je peux vous apparaître parfois comme un « anti-bédépiste » primaire, je peux vous assurer que ça n’est pas le cas. Simplement je constate de plus en plus d’incohérence dans les politiques des BDP (au moins la mienne).

    Au delà de leur mission historique évidente, sur laquelle il n’est pas question de revenir,leur rôle actuel devient peu clair. Censées developper les territoires, créer des réseaux et, donc, pousser les élus locaux à se doter de moyens propres de plus en plus conséquents (personnels, structures et crédits d’acquisition), elles sont arrivées à un point où, constatant que malgré le developpement des intercommunalités,regroupements dont on pouvait-devait attendre des moyens supplémentaires, les élus, bien que regroupés (ce sont les memes), perennisent le plus souvent la politique miserabiliste qu’ils avaient soutenu precedemment,elles marquent le pas.
    On atteint peniblement ,et en se faisant tirer l’oreille, les deux euros par habitant, on n’embauche précairement que sur des contrats aidés par le département,… et on continue de compter sur les dépôts de notre Sainte mère la BDP !

    Pire encore. Vous savez que la seule justification de l’intercommunalité est de faire des économies d’échelle. C’est dans tous les bons manuels. Le top en la matiere, en France, c’est la mutualisation au niveau des ordures menagères. Et il est vrai que cela fonctionne en général remarquablement bien.
    Le probleme c’est que les élus se sont rendu-compte que pour le « culturel » ça ne fonctionnait pas. En fait, quand vous regroupez des moyens localement déja très insuffisants, vous ne faites que répartir sur un territoire plus large la mème misère.Peut-être de façon plus égalitaire.

    Une bonne mutualisation intercommunale en matiere de lecture publique necessiterait en fait souvent de réels moyens supplémentaires, bien sûr au départ (mais là les BDP apportent une aide structurelle, notamment pour les locaux etc…)mais surtout un effort continu (budgets et titularisation des personnels). Et là, ça coince.

    Or, que font les BDP, au lieu d’appuyer sur ces aspects ? Elles continuent de desservir, toujours plus puisque souvent de nouvelles structures ont vu le jour (Electoralement, une bibliothèque c’est toujours chouette…),et jouent de ce fait un rôle qui va désormais contre leur mission (non leur mission première mais je dirais leur mission finale. Car logiquement, leur finalité c’est tout de même de n’être plus nécéssaire un jour,non ? sauf bien entendu sur des missions de conseil, formation etc…)

    Or, j’ai pu constater que ce rôle de frein, de somnifère en quelque sorte, était connu ( y compris par la Drac )mais que tout fonctionne comme si l’on ne pouvait rien contre le principe de libre administration des collectivités locales, principe constitutionnel.

    Mais j’ai pu constater également l’énorme pouvoir que les BDP ont acquis ainsi en tant que pourvoyeuses, sur les élus locaux.
    Et je pourrais vous citer des exemples qui montrent que des décisions départementales à ce niveau, sont souvent localement acceptées sans commentaires (ouvrez une structure sinon j’arrête le dépôt dans l’école ou la mairie etc…)

    Alors je me pose souvent la question de savoir si cela les gêne au fond tellement de gerer la situation telle qu’elle est, assurant par là la pérennité d’un rôle quasi éternel, et qui leur permet aussi de garder la main sur l’organisation des territoires,un rôle centralisateur somme toute assez confortable, tout en sachant qu’en faisant cela on enterine l’idée que l’on a probablement atteint la limite du developpement « possible » ici ou là.

    J’ai lu il y a peu un texte qui expliquait que les BDP abandonneraient progressivement leur rôle de desserte en livres. Je n’en entend jamais parler ! Dieu sait pourtant qu’une telle nouvelle, meme non précisément datée, pourrait inquiéter les élus partisans du minimum culturel et les pousser à améliorer les choses sans attendre ce moment fatidique.

    En fait, je vais vous paraitre incroyablement naïf, mais tant pis, je pense que les BDP ont les moyens d’exercer un « chantage salutaire », osons le mot, sur certaines collectivités territoriales, et qu’elles ne le font pas.

    Cette oscillation permanente entre entre un rôle moteur et un rôle de frein est parfois difficile à admettre, notamment par les acteurs de terrain que nous sommes.Perpétuellement en attente ou en rupture de projet.

    Et puis, si elles perdaient le pouvoir que leur donne le fait de distribuer des documents, de quel droit pourrait-elles ensuite arguer pour intervenir sur l’organisation territoriale de la lecture publique ?

    Pas simple, sans doute. Vous parlez de « soutenir et susciter » les volontés politiques locales. Certes, quand elles existent. Mais sinon ?

    Alors parfois l’on se surprend à penser qu’il vaudrait mieux qu’elles s’effacent, de préférence assez brutalement, de façon à ne plus apparaître comme le soutien objectif des immobilismes locaux.Disparaitre pour susciter.

    Cordialement

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