DLog (supplt à www.lahary.fr/pro)

Blog professionnel de Dominique Lahary, bibliothécaire. Mes propos n'engagent que moi.

Archive for janvier 2008

Un métier hybride à la carte

Posted by Dominique Lahary sur 30 janvier 2008

Le 26 novembre 2007, le groupe Paris de l’ABF organisait une journée d’étude intitulée Bibliothèques hybrides, bibliothèques à la carte : quel impact sur l’organisation et le fonctionnement ? dont les présentations sont publiées. Je suis intervenu sur le thème Un métier hybride à la carte ? De l’idéologie professionnelle au recrutement.

J’y propose de ne plus considérer la constitution, le traitement et la mise à disposition de la collection locale comme le centre de la culture professionnelle. Je plaide également pour une diversification des profils et métiers dans les bibliothèques.

J’ai eu plaisir à citer cette phrase d’Alain Caraco, qu’il m’avait glissée oralement lors d’une rencontre, et qui a reproduit par Livres-Hebdo n°714 (décembre 2007) puis Bibliobsession :

«Les ressources numériques externes ne sont pas une partie de nos collections. Ce sont nos collections qui sont une partie des ressources que nous mettons à la disposition des étudiants.»

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Les élections locales sont des élections politiques… locales !

Posted by Dominique Lahary sur 21 janvier 2008

La presse écrite et audiovisuelle bruisse d’une question : les élections locales de mars prochains doivent-elles être «politisées» ? Des organisations politiques, des élus locaux prennent position dans un sens ou dans l’autre, souvent en fonction de considérations tactiques. Parlons du fond.

Ce blog est strictement professionnel. C’est en tant que professionnel de collectivité territoriale que je donne mon point de vue.

Cela fait des mois que, ne songeant guère d’ailleurs à cette échéance, je conclus mes interventions sur le métier de bibliothécaires ou les missions des bibliothèques ou même les enjeux du numérique par une référence aux politiques publiques, seul terrain sur lequel lesdites missions peuvent être fondées.

Ce terme de « politique publique » est bien étrange. Y aurait-il donc une « politique privée » ? Mais je l’utilise comme d’autres pour m’abstraire de ce qu’on appelle généralement la « politique politicienne », qui n’a rien de méprisable ni d’illégitime, mais s’organise a priori en référence à des enjeux d’organisation politique et à des clivages nationaux voir internationaux dans lesquels le technocrate que je suis n’a pas à entrer tant qu’il s’exprime à ce titre. J’écris là encore « technocratie » sans connotation négative et y tiens : le professionnel applique une politique et est force de proposition pour son élaboration. Mais il n’est pas détenteur de la légitimité démocratique, il n’est au mieux détenteur que d’une expertise technique.

Sont authentiquement politiques les enjeux relevant de la responsabilité, de la sphère de compétence, obligatoire ou librement choisie, d’une commune, d’un département, d’une région. Ce sont des enjeux de politiques publiques. De politique publique locale. La lecture publique en fait partie. Il est conforme à la démocratie que les citoyens appelés à voter lors d’élections municipales ou cantonales s’emparent de ces enjeux, et non exclusivement d’enjeux très strictement nationaux. Dénier aux enjeux locaux leur qualité politique, c’est réduire le champ de la politique, c’est réduire celui de la démocratie.

Que vivent donc les débats de politique locale. Il arrivera que les bibliothèques et médiathèques y aient leur place : tant mieux !

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Les bibliothécaires ont-ils le monopole du discours sur les bibliothèques ?

Posted by Dominique Lahary sur 21 janvier 2008

Un simple message de moi sur un aspect d’un interview d’un universitaire sur Télérama, révélant à mon sens un malentendu sur le désherbage, a déclenché une série de message dénonciateurs. J’y ai décelé ce que je juge comme un danger : la tendance d’une profession (là nôtre par exemple) à détenir le monopole du discours public sur son champ d’activité.

C’est pourquoi, en même temps d’un texte de fond sur le désherbage, j’ai posté un message intitulé Les bibliothécaires ont-ils le monopole du discours sur les bibliothèques ?

Si la bibliothèque est un objet de politique publique, ceux qui s’en instituent les professionnels ne sauraient en aucun cas prétendre à quelque monopole sur leur présence dans le débat public.

Ecoutez tant qu’il est encore temps cette émission de France-Culture sur la médiathèque comme politique publique : vous y entendrez parler élus et professionnels de façon entremêlée et parfois à front renversé (Travaux publics de Jean Lebrun, émission du 17 janvier 2008 : En direct de Pau, quel avenir pour les médiathèques ?).

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La place de la médiathèque dans le système global de diffusion culturelle

Posted by Dominique Lahary sur 21 janvier 2008

Concluant la journée d’étude du 31 mai 2007 organisée par le Conseil général du Val d’Oise, l’association Cible 95 et l’Adiam Val d’Oise sur le thème La médiathèque dématérialisée, 1: la musique, j’ai repris sous le titre La place de la médiathèque dans le système global de diffusion : un nécessaire repositionnement la problématique proposée à la journée d’étude de la COBB du 6 avril 2006 Image et son en bibliothèque : Bilan et perspectives à l’heure du virtuel (dont les actes ne sont pas en libre accès) :

« Tout se passe comme si la société entière assumait la fonction bibliothèque : rechercher, s’approprier, commenter, décrire, etc. Ces fonctions sont remplies par une sorte de bibliothèque globale, sur Internet, notamment par les grands acteurs économiques, mais aussi par les internautes entre eux. Dans ce système bibliothèque global, il convient de trouver la place relative de la bibliothèque. »

Ainsi que mon analyse des usagers différenciés de la médiathèque :

« Mettons-nous […] du point de vue de l’usager-consommateur. Ce qui frappe c’est la diversité des modes d’appropriation :

  • un texte narratif est lu une fois de bout en bout, parfois deux ;
  • un texte court informatif est trouvé vite, lu vite, copié tout aussi vite ;
  • la musique, depuis l’invention du walkman à la fin des années 1970, fait l’objet d’une consommation répétitive et nomade ;
  • le cinéma suit le même chemin. »

Je montre que ces logiques d’usage, qui perdurent, expliquent successivement l’effet d’aubaine qu’a représenté la médiathèque et le fait qu’on puisse aujourd’hui s’en passé. J’en déduis « la fin du mythe brisé de la médiathèque », le mythe (mobilisateur, donc utile) ayant été la fusion des supports, des usages et des publics, que nous voyons aujourd’hui démonté pan par pan. Fin d’un mythe, et non fin d’un service de haute utilité publique qui continue à porter ce nom, bien sûr !

Bruno David a réagi à cette journée, principalement à mon intervention, dans un texte du 14 juin publié par l’ACIM. Il m’y faisait passer pour quelqu’un qui construit l’histoire des bibliothèques à partir de la seule technique. Je viens de lui répondre sur le même site sous le titre La réflexion continue, l’action aussi. Pour démentir ce qu’il me fait penser, mais aussi parce qu’il est bon de faire vivre le débat entre des positons très opposées… qui m’évoque irrésistiblement l’opposition proposée par Nicolas Morin entre croyants et non croyants dans son billet Crise moderniste dans l’église bibliothéconomique du 16 décembre 2007.

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Désherbage, partage et conservation

Posted by Dominique Lahary sur 11 janvier 2008

Dans son édition du 9 janvier 2008, Le Monde, sous le titre Au conseil municipal de Bordeaux : poésie administrative, désherbage et désinfection, plaint le pauvre conseiller municipal de Bordeaux réduit a supporter d’interminable séances pour délibérer de broutilles. Parmi celles citées, il y avait effectivement «les opérations de désherbage à la bibliothèque municipale (destruction d’ouvrages périmés ou en mauvais état, soit 2 90 documents pour 2007)».

Voici une version soft de l’ironie ou de l’incompréhension que suscite généralement le désherbage à l’extérieur de notre profession. J’ai été responsable du lancement d’un débat sur biblio-fr, que j’ai fini par nourrir le 17 septembre d’un texte intitulé Désherbage.

Deux message critiques (vive le débat contradictoire !) m’ont paru passer à côté des questions que je posais.

Mon premier contradicteur faisait mine de croire que ma défense de la rotation des fonds, contre le fétichisme de la fixité de la collection locale, n’était qu’une défense corporative de la maison BDP, et d’en dresser une caricature. Là n’était pas mon propos. Je maintiens que le public gagnerait à des fonds plus mobiles et donc davantage mutualisés.

Mon second contradicteur, Bruno David, s’est plus a filer la métaphore au-dessous de la ceinture avec un texte qui, remanié, a constitué le numéro 01 de la nouvelle rubrique Blanc-seing du site Bibliofrance (que je salue pour son utilité) : La conception scatologique de la lecture publique.

L’auteur, qui qualifie de dogme les positions qu’il ne partage pas, ce qui peut lui être aisément retourné, me fait passer pour un éliminateur forcené, montrant par là qu’il a surtout éliminé le sens de mon texte (ce qu’il avoue indirectement dans une note : «On trouve dans le texte de D. Lahary une idée intéressante, celle de conservation partagée, mais elle est sans rapport, voire en contradiction avec le reste»).

Si j’ai réexprimé avec vigueur la nécessité absolue de l’élimination régulière des rayons en libre accès de ce qui les encombre, si je persiste à mettre en cause le fétichisme de l’objet livre et de la collection locale, je terminais très délibérément mon texte par un éloge des nécessités de la conservation. je proposais même d’étendre cette conception au-delà de la conservation patrimoniale, bien connu et évidemment essentielle : j’en appelais à une politique de conservation grand public propre à maintenir un haut nouveau de disponibilité des titres, grâce à une mutualisation de l’élimination et du stockage, à l’exemple de la réserve centrale de la ville de Paris.

Dans la logique de la longue traîne ! Je persiste. Désherbage et conservation gagneront à être pensés ensemble. Grâce à la mutualisation.

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Chapeau Monsieur Bourgois

Posted by Dominique Lahary sur 6 janvier 2008

Je dédie le premier billet de l’année 2008 de ce blog au grand éditeur que fit Christian Bourgois, emporté par la maladie le 20 décembre à l’âge de 74 ans.

Le médiocre lecteur littéraire que je suis a toujours éprouvé une grande admiration pour l’homme de la collection 10/18 qui fut aussi celui qui fit découvrir en français tant d’auteurs étrangers qui le méritaient, comme le signalent Livres-Hebdo et Hubert Artus sur Rue89.

Je l’ai aperçu deux fois : en mars 1988 lors d’une journée d’étude de l’ABF au Théâtre de Vanves, quand j’en dirigeais la bibliothèque municipale (c’est à cette occasion qu’Alain Pansu, qui m’avait contacté pour réservé la salle, m’a proposé de me présenter aux élections au CA de la section Lecture publique de l’ABF, ce qui m’a ouvert des perspectives que je n’imaginais pas) – j’ai entendu quelques jours plus tard à la radio Christian Bourgois tenir des propos circonspects sur ce débat) ; puis le 24 avril 1995 alors que je représentais l’ABF à un débat sur France Culture intitulé « Quel avenir pour le livre ? ».

Il me semble que tant que demeurent des éditeurs de sa trempe, l’avenir du livre est assuré – que ce soit sur papier et/ou ou sous d’autres avatars.

Livres-Hebdo dans son billet nécrologique cite cette phrase tirée d’un entretien que Christian Bourgois lui avait accordé le 4 mai 2007 : « Être éditeur, c’est publier des livres que les gens n’ont pas envie de lire ».

Quelle meilleure épitaphe ?

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