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Blog professionnel de Dominique Lahary, bibliothécaire. Mes propos n'engagent que moi.

Parités

Posted by Dominique Lahary sur 8 mars 2008

Le 8 mars 2008, à la veille d’importantes élections (municipales et cantonales), les médias traitent de la parité en politique. Et la parité en bibliothèque ?

Il ne s’agit pas bien sûr de prôner un équilibre des genres dans les équipes (encore qu’une certaine mixité, et pas seulement des genres, y soit utile), mais plutôt de s’interroger sur les postes de direction et de responsables associatifs ainsi que sur le genre des intervenants dans les journées d’étude et congrès, des auteurs des articles dans la presse professionnels et des messages (de fonds) dans les listes de diffusion… et finalement des biblioblogueurs.

Le constant est sans appel : c’est calamiteux ! Les hommes sont surreprésentés dans les postes de direction de collectivités importantes (c’est le fameux «plafond de verre», qui ne peut tout de même être absolu étant donné la l’écrasante proportion de femmes dans les équipes). Ils monopolisent une grande partie de la parole publique professionnelle.

La véritable parité à atteindre pour nous dans ces fonctions visibles, ce serait quelque chose comme 80/20. Atteindre 50/50 serait déjà un progrès, et nous n’y sommes pas ! J’ai encore le souvenir cuisant d’une journée d’étude sur l’intercommunalité, organisée à la BPI par l’ADBDP et l’ADBGV le 5 octobre 2004, qui avait vu se succéder à la tribune 23 orateurs … dont une seule femme ! (certes les orateurs n’étaient pas tous bibliothécaires, il y avait aussi des élus et des universitaires, mais ce n’est pas une raison).

Il m’arrive parfois d’être pris comme bibliothécaire pour une femme, à cause de l’ambiguïté de mon prénom – malgré l’indiscutable genre de l’abominable Saint Dominique qui, sur les cendres fumantes de la croisade des albigeois, mena le travail idéologique une fois la besogne militaire accomplie. Je suis bien désolé de contribuer à aggraver le quota.

Je ne pense pas du tout qu’un numerus clausus soit indiqué, bien qu’en tant que citoyen je constate que les lois sur la parité ont un peu atténué les déséquilibres dans la représentation politique. Mais la proportion des genres AFFICHÉS par notre profession est un symptôme. Il y a encore du travail !

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8 Réponses vers “Parités”

  1. David L. said

    Inversement, c’est parfois difficile d’arriver à trouver des candidats hommes pour les postes de B et C.

  2. Pascal V said

    Ces questions de parités me déroutent. Autant je comprends qu’un rééquilibrage soit nécessaire, autant la manière d’y parvenir par une règle arithmétique me semble peu appropriée, surtout sur le long terme. Car après les femmes, pourquoi pas d’autres catégories, thème que l’on peut varier assez longtemps… je ne développe pas, les classements sociaux, ethniques, culturels etc. sont suffisamment pratiqués par ailleurs.
    En outre, est-ce qu’une parité 50/50 est souhaitable ? Est-ce une fin en soi ?
    Enfin, il faudrait sans doute s’interroger sur les raisons pour lesquelles les femmes peuvent ne pas vouloir de poste de direction, ou sur les motifs qui amènent un recruteur à ne pas engager une femme pour diriger telle ou telle bibliothèque, ou encore sur la proportion d’hommes et de femmes parmi les candidats qui postulent à tel ou tel poste… Je n’ai bien entendu aucune réponse ;-))
    Je reste donc dérouté mais la question méritait bien d’être posée.
    PV

  3. AnneG said

    Au risque d’évoquer un sujet sensible, faut-il rappeler que la parité au sein de la cellule familiale n’existe pas. Voir les stats de l’INSEE sur la répartition du travail à la maison. Trop de femmes arrêtent de travailler ou demandent des temps partiels pour les raisons que l’on connait.
    Je ne suis pas vraiment étonnée que la sphère biblioblogueuse soit plutôt masculine, que les articles professionnels, ou les messages de fonds sur les listes de diffusion soient plutôt du fait des collègues masculins. J’imagine assez bien certains collègues scotchés à l’ordinateur pendant que d’autres collègues vident le lave-vaisselle, nourrissent le chat, rédigent un mot pour l’instit, etc… inutile de préciser comment se répartissent les rôles :)
    Cela peut paraître un peu dur pour ceux qui ont l’impression de participer mais … cela fait 30 ans que j’observe autour de moi des femmes actives empêtrées dans des problèmes de garde d’enfant ou des problèmes domestiques en tout genre et je pense que les choses n’ont vraiment pas bougé depuis 30 ans malgré ce que l’on veut nous faire croire.

    La solution pour moi ne réside pas dans une parité imposée mais plutôt dans un choix de société qui permettrait à chacune de pouvoir mener une carrière professionnelle même avec charges de famille.

  4. melvil said

    Aurons-nous la parité aux biblioblogades le 14 mars ? suspense…

    Melvil

  5. Yvonnic said

    Questions en vrac

    Que dire de la sur-représentation masculine en bibliothèques dans les aspects les plus techniques du cadre B: discothècaires, multimedia, informatique…? Doit-on se réjouir en considérant que cela constituera à terme au rattrapage du déficit de parité, ou au contraire considérer que c’est un nouvau point noir pour cette meme parité ?

    Dans les années 70, la profession était marquée par le plus fort taux de célibataires et de féminisation. On a associé les deux à travers l’image devaluatrice de la bibliothécaire chignon-lunettes-vieille fille, elle-meme miroir de l’image non-professionnelle du métier dans l’opinion publique.Qu’en est-il aujourd’hui ?

    La forte représentation des hommes dans les postes de direction des structures importantes ne traduit-elle pas une certaine vision « généraliste » des decideurs quand à ces postes : gestionnaires et managers à large spectre, avec fort rôle de représentation dans un monde de decideurs hommes, par rapport aux postes entrant dans une definition plus traditionnelle du metier (animation, accueil des publics enfants notamment ) ? La disparition progessive des fonctions de catalogage comme emblematiques du metier, amènera-t’elle un changement ?

    La profession, dans la territoriale notamment, s’est toujours définie par une forte capacité à être très mobile. Il était conseillé , dans un objectif de carrière, d’éviter de passer plus de 5 ans dans le meme poste, et « d’avoir toujours sa valise prête ». Cela a-t’il pu jouer sur ces questions d’image et de parité ? Les chiffres sont-ils différents dans la filière d’état ?

    La féminisation est quasiment la mème qu’en ce qui concerne les instituteurs de maternelle. Un rapport ?

    « La parité au sein de la cellule familiale n’existe pas. ». On pourrait préciser « cellule familiale traditionnelle ».En effet la stagnation des rôles s’exerce surtout au sein d’une représentation de la cellule familiale traditionnelle, elle-meme en baisse constante. Le nombre de « familles monoparentales » et de situations atypiques est en augmentation. Les rôles sont-ils différents dans ces nouveaux modèles familiaux ?

    Y a’t’il un rapport entre le fait que les femmes (emprunteurs) lisent davantage et la féminisation du métier ?

    Les bénévoles-hommes sont inexistants, pourquoi ? Une question de generation ? (benevole en bibliothèque = truc de bonne femme), ou autre chose ?

    La fonction publique en général est le secteur le moins plombé par la non-parité : salaires égaux, égalité dans les recrutements, les possibilités les plus larges (par rapports aux autres categories sociales) d’effectuer une carrière valorisante sans trop d’accroc malgré les naissances…Y aurait-il une spécificité de notre filière ?

    Les bibliothécaires-femmes ont-elles la meme conception de la carrière et de son déroulement que les hommes ? Entre carrière et carrierisme, seul le (la) celibataire disponible peut envisager le carrierisme. Le carrièrisme est une forme de pensée, influant sur un certain type de déroulement de carrière ?
    La femme est-elle aussi carrieriste que l’homme ?

    Je continue a recevoir autant de courriers non nominatifs à Madame la Directrice de, Madame la Responsable des achats, etc…venant de fournisseurs ou d’administrations, qu’il y a trente ans. Qui doit changer ?

    Cordialement,

  6. David L. said

    Effectivement la représentativité n’est pas respectée pour la parole professionnelle, par contre la très grande majorité des petits et moyens établissements ont des directrices.
    Et même pour les collectivités importante, le Guide de l’ADBGV 2005 mentionne quand même 46 directeurs, 94 directrices.

    Les femmes de l’ADBS ont des profils plus technicistes. :)

  7. Merci à David L de ses décomptes ;
    à Anne G de son rappel à une incontestable réalité ;
    à Yvonnic de sa référence à la proportion d’usagères des bibliothèques : les pratiques culturelles sont de plus en plus clivées sexuellement :

    Cliquer pour accéder à dc150.pdf

    La fabrique sexuée des goûts culturels : Construire son identité de fille ou de garçon à travers les activités culturelles / Sylvie Octobre. Développement culturel n°150, décembre 2005

    Cliquer pour accéder à dc147.pdf

    La féminisation des pratiques culturelles / Olivier Donnat. Développement culturel n° 147, juin 2005

    Pour le rassurer : il y a dans mon département quelques bénévoles masculins.

  8. Mercure said

    Sur la parole  » sur les bibliothèques » pas de doute, les masculins sont [trop] présents. Mais peut-être plus « naïfs », plus utopiques dans leur expression, que les femmes. Ils relaient un discours souvent prospectif.
    A contrario, voir les meilleurs ouvrages « sur » : la cuisine avec Ginette Mathiot, l’éducation avec Françoise Dolto…et les bibliothèques avec Anne-Marie Bertrand.

    ;-)

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