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Blog professionnel de Dominique Lahary, bibliothécaire. Mes propos n'engagent que moi.

Archive for décembre 2008

Les bibliothèques et le millefeuille territorial, 2 : Départementaliser les bibliothèques municipales ?

Posted by Dominique Lahary sur 31 décembre 2008

Ce « rapport Warsmann », qui fait pendant au « rapport Lambert » sur Les relations entre l’État et les collectivités locales publié par Sénat, dresse un historique et un état des lieux de l’enchevêtrement de compétences entre collectivités territoriales et propose 10 principes :

1.La fin de la dérive des financements croisés (un seul niveau de collectivités locales pourrait participer au financement d’un projet conduit par une autre collectivité, sauf les communes peu peuplées ou aux faibles ressources).

2.La spécialisation de l’action des collectivités : attribuer 80 % des compétences des collectivités exclusivement à un niveau de collectivités.

3.La possibilité de transfert d’une compétence exclusive à un autre échelon territorial.

4.La réduction sur incitation financière du nombre de collectivités.

5.L’extension géographique de régions.

6.La fusion de régions avec des conseils généraux.

7.La création de métropoles en fusionnant conseil général et intercommunalité.

8.L’achèvement de l’intercommunalité.

9.La suppression des pays.

10.La création volontaire de collectivités uniques intercommunalité-communes.

Sur le plan institutionnel, le rapport ne propose pas une suppression uniforme d’un échelon mais un éventail de possibilités utilisées localement qui voue les départements à l’un des trois destins suivants, sans compter le statu quo :

1.l’aspiration par le haut (la région) ;

2.l’aspiration par le bas (l’agglomération)

3.la recomposition dans les espaces ruraux interstitiels.

Le premier destin entraînerait mécaniquement, sauf décision de suppression, la création de bibliothèques régionales : « de la BDP à la BRP ». Le second scellerait la disparition de la BDP ou sa fusion dans un réseau de bibliothèques d’agglomération existant ou à créer. Le troisième confirmerait la vocation spécifiquement rurale qui fut à l’origine des BCP, ancêtre des BDP, en 1945.

En application du principe n°2 (la spécialisation de l’action des collectivités, le rapport propose de « confier au seul département la en matière de bibliothèques et de musées, en devenant l’autorité gestionnaire unique de ces établissements, qu’ils relèvent actuellement de la région, du département ou de la commune. […] En effet, ces missions consistant à mettre en valeur et rendre accessible au grand public des biens culturels, présentent des points communs qui justifient qu’elles soient confiées à un échelon administratif restant proche des citoyens tout en disposant de moyens humains et financiers suffisants pour exercer des tâches parfois très techniques. »

La proposition, qui découle très logiquement de la théorie de la spécialisation des niveaux de collectivités, peut à première vue être convaincante. On en connaît d’ailleurs des exemples ; comme certains réseaux de bibliothèques de comté au Royaume-Uni ou le réseau unifié de la Province canadienne du Nouveau-Brunswick. Qu’attendre d’une telle intégration ? L’efficacité (grâce aux moyens mobilisés) et l’efficience (par une bonne utilisation des moyens que permettrait une gestion unifiée des bibliothèques à l’échelle d’un département).

Si l’on considère les bibliothèques comme des services dont la seule fonction est de diffuser des documents, on peut soutenir que plus on élargit l’échelle de gestion, plus on est efficace. Oui mais voilà, les bibliothèques ne sont pas seulement des machines à distribuer. Ce sont des établissements multifonctionnels, lieux d’accueil de pratiques diverses, individuelles et collectives, espaces de rencontre et d’animation, bref des outils qui peuvent se placer au croisement des politiques culturelles, éducatives et sociales locales. Si les bibliothèques sont gérées au niveau départemental, la collaboration avec les services communaux ou intercommunaux ne sera pas facile et les maires ou présidents d’intercommunalités risques de s’en désintéresser. Le problème se pose déjà dans le cas des bibliothèques intercommunales, que je défends malgré tout, il n’en serait qu’aggravé si elles étaient toutes départementales.

Départementaliser les bibliothèques, c’est renoncer à ce qu’elles soient enjeu et instrument des politiques locales pour les réduire à une fonction technique : le rapport Warsmann n’évoque pas par hasard « des tâches parfois très techniques. »

L’ADF (Assemblée des départements de France, qui est l’association des Présidents de Conseils généraux) vient d’adopter le 17 décembre 2008 une résolution unanime réclamant le maintien d’une clause générale de compétence. Il y est dénoncé « une spécialisation des départements dans leurs seules compétences sociales qui leur ferait perdre leur rôle de collectivités locales pour les transformer en simples agences de prestations pour le compte de l’Etat. » Même si l’on y adjoint la gestion des bibliothèques et des musées, nous demeurerions bien dans un rôle d’agence de prestation.

La résolution plaide pour l’organisation en « deux couples territoriaux » :

celui constitué par les communes et leurs groupements et les départements, soit un bloc de collectivités liées par l’exercice de compétences de proximité,

celui constitué par les régions et Etat, avec une dimension évidemment européenne.

Dans mon précédent billet sur le sujet, j’ai publié un schéma inspiré de ceux du rapport Lambert pour figurer l’enchevêtrement des financements en matière de bibliothèque.

Je reprends ci-dessous ce schéma en dégageant les deux couples préconisés par l’ADF : il me semble qu’ils fonctionnent. Toute réforme n’est pas souhaitable. Vu du petit bout de la lorgnette qu’est la seule question des bibliothèques, je conclus à l’utilité du statu quo. A charge pour les différents niveaux de collectivités de prendre leurs responsabilités et de développer des POLITIQUES.

mille-feuilles-bibli-adf

Mes autres billets sur les projets de réforme territoriale :

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Palmarès

Posted by Dominique Lahary sur 31 décembre 2008

J’avais signalé que le blog Bibliobsession de Silvère Mercier était cité par le n°1 de Non-fiction sur papier parmi une liste de 9 blogs.

C’est maintenant Vendredi, revue de blogs sur papier, qui dans son n°10 (du 19/12/08 au 08/01/09) qui dans les « 101 sources pour s’informer autrement » cite le non moins indispensable Affordance d’Olivier Ertzscheid avec ce commentaire :  « Blog d’un maître de conférence en sciences de l’information. Veille et analyse autour des utils et des usages de l’Internet ».

Dans son n°220 de décembre 2008,  Archimag publie une partie du résultat des votes de 852 de ses lecteurs sur « les personnalités de l’infodoc ». Une partie car ne sont cités que les cinq premiers, dans l’ordre : Olivier Ertzscheid, Silvère Mercier, Bertrand Calenge, votre serviteur et Réjean Savard.

[Ajout du 13 février 2009 : L’article d’Archimag et les cinq interviews sont en ligne].

On aurait pu, dans l’esprit des nuages de tags, disposer d’un peu plus de noms puisque les suffrages ont été dispersés entre 231 personnes. La partie immergée de l’iceberg (moins de 13% des votes) privilégie, au sein de l’infodoc, les bibliothèques (ce que tempère la première place d’Olivier) et ne laisse aucune place aux femmes, ce qu’avec Bertrand je regrette (Archimag signale tout de même que Ghislaine Chartron n’est pas loin).

Dans le n°210 de décembre 2007, Guillaume Nuttin dressait ailleurs une liste des Meilleurs sites web de bibliothécaires blogueurs.

Lors du précedent vote, les trois personnalités citées en tête (Archimag n°200, décembre 2006) étaient Jean-Philippe Accart, Anne-Marie Bertrand et Jean-Noël Jeanneney.

Tout ceci n’est bien sûr qu’un sondage d’opinion, à partir d’un échantillon autodésigné. Mais je n’en salue pas moins mes compagnons, Ghislaine… et les autres. Ainsi qu’Archimag, qui fait partie de nos périodiques de référence.

Et profitons-en, pour signaler d’autres lauréats d’Archimag : ceux du concours de photos sur l’infodoc.

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Le message électronique, acte documentaire

Posted by Dominique Lahary sur 9 décembre 2008

Rédiger un message, c’est adresser à quelqu’un un document qu’il va peut-être ne pas ouvrir, peut-être lire puis détruire immédiatement, peut-être encore garder un certain temps, le classer, le réutiliser. Nos systèmes de messagerie sont de petites bases de données de travail dont les éléments ont des durées de vie très variables. Ils nous permettent de balayer rapidement une liste de messages récemment reçus ou stockés dans un répertoire, de les rechercher par émetteur, destinataire, objet ou contenu du message, de façon séquentielle ou indexée.

Bref, un message est un objet documentaire authentique.

D’où vient que même des bibliothécaires et documentalistes n’en tiennent aucun compte quand ils rédigent un objet de message ou répondent en changeant de sujet ?

Ah, ces messages à l’objet si vague qu’il ne veut rien rire (Demande d’info) ou si général que tous les messages concernant la même opération ont le même titre !

Ah ces Re . Re : Re : avec un objet initial qui n’a plus rien à voir avec le contenu actuel !

Combien de fois ai-je cherché désespérément, en faisait défiler une liste, un message qui se cachait derrière un objet n’ayant rien à voir ? Le summum étant bien sûr le message sans objet, venant d’une personne que vous ne connaissez pas, et qui pourtant vous concernait absolument.

La messagerie non instantanée, ce n’est pas du conversationnel, c’est du documentaire. Que ceux qui sont un peu dans le métier s’en souviennent, et contribuent (c’est à eux de le faire) à diffuser une culture documentaire.

Au demeurant, rédiger un titre de message, c’est se mettre à la place du destinataire. La culture documentaire est altruiste, ou elle n’est pas.

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De non.fiction à Bibliobsession

Posted by Dominique Lahary sur 5 décembre 2008

Beau va-et-vient entre le web et le papier : le site nonfiction se dote d’un avatar imprimé.

Le numéro 1 (hiver 2008-2009); bourré d’article donnant à penser et à lire, contient une rubrique Blogs… où figure Bibliobsession. Au-delà de la satisfaction corporative de voir l’un des nôtres ainsi remarqué, réjouissons-nous que les bibliothécaires et documentalistes fassent partie du concert des blogs donnant à penser.

Voici les autres blogs cités dans la rubrique :

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