Sous le titre Recul du livre et de la presse dans le budget des ménages, l’INSEE publie un quatre pages établit à partir de ses « enquêtes budget ».
La presse recule d’abord dans les générations les plus jeunes, le livre dans toutes, ce qui est nouveau : « Contrairement à ce qui se passe pour la presse, le recul du livre n’est pas dû à l’arrivée de nouvelles générations qui en achèteraient moins. Les générations les plus jeunes y consacraient même, du moins jusqu’en 2001, une part de leur budget plus élevée que les générations précédentes. Le recul du livre est marqué par une baisse qui touche toutes les générations. »
Le rédacteur de la note, Thibaut de Saint Pol, conclut par cette précision : « On ne doit toutefois pas oublier qu’on ne s’intéresse ici qu’à l’achat de livres et de presse et non à leur lecture effective. Comme la baisse de la part de ces consommations, les écarts observés ne tiennent pas compte des prêts, notamment en bibliothèque, de la lecture sur Internet et de la multiplication des journaux gratuits. »
On peut rapprocher, sans les confondre, les conclusions de cette étude de celle d’une enquête de la Commission européenne rendue publique le 4 août (avec chiffres par pays consultables ici) sur les usages d’Internet. On y lit que « les 16-24 ans sont les plus grands utilisateurs d’internet: 73 % d’entre eux ont régulièrement recours à des services de pointe pour créer et partager du contenu sur la toile, soit le double de la moyenne pour l’ensemble de la population de l’Union européenne. » Et plus loin : « Bien que la «génération numérique» paraisse réticente à mettre la main au porte-monnaie pour télécharger ou consulter en ligne des contenus comme des vidéos ou de la musique (33 % affirment ne pas être disposés à payer quoi que ce soit, ce qui représente le double de la moyenne de l’UE), ils sont en réalité, au sein de cette génération, proportionnellement deux fois plus nombreux que le reste de la population à avoir déjà payé pour ce type de service (10 % des jeunes utilisateurs contre 5 % de l’ensemble de la population de l’Union européenne). Ils sont également plus disposés à payer pour obtenir un meilleur service de qualité supérieure. » Ce que Le Monde résumait ainsi dans son édition datée du 4 août 2009 : « De plus en plus connectés, les Européens restent réticents à payer pour du contenu en ligne. »
Tout se passe comme si deux phénomènes en partie liés se conjuguaient : le report de l’acte de lecture sur écran et la baisse de ce que les économistes appellent le « consentement à payer ». Et cette baisse est particulièrement sensible sur l’information chaude, autrement dit, sur le frais.
On ne peut en conclure une baisse de la pratique de lecture (pas plus que de l’écoute musicale, du visionnage de films…) Mais de la lecture de séquences longue ? La question est posée.