Libération, 08/08/2011
A Central Fall, plus dure est la chute / Lorraine Millot
(sur une ville américaine déclarée en faillite, et dont l’administration a été confiée à un juge)
Tandis qu’au niveau national le compromis entre démocrates et républicains repousse la nécessaire révision des prestations sociales, à Central Falls le juge Flanders veut imposer des coupe immédiates. Le 1er juillet, il a fermé la bibliothèque municipale et a licencié ses six employés.
Les philosophes moraux sont-ils moraux ? / Ruwen Ogien, philosophe
(rubrique Rebonds, publiant des points de vue)
[…] le philosophe Eric Schwitzel, s’est demandé si ses collègues spécialisés en éthique respectaient plus que les autres certaines règles largement acceptées. Par exemple : rendent-ils à temps les livres qu’ils ont empruntés à la bibliothèque ? Ont ils tendance à les conserver indéfiniment ? A priori, ceux qui passent leur temps à lire les ouvrages d’éthique devraient être moins enclins que les autres à s’emparer d’un bien commun, plus disposés à rendre leurs livres à temps pour ne léser personne (à moins qu’ils aient confondu le rayon éthique- avec celui des romans policiers). Mais l’enquête dément l’hypothèse. Ce sont les ouvrages d’éthique qui manquent le plus dans les rayons. Ils sont presque deux fois plus nombreux à être volés ou non restitués (1). Et tout laisse penser que les coupables sont… les philosophes spécialisés en éthique !
On pourrait faire remarquer que s’ils volent ou conservent indéfiniment ce genre d’ouvrages ce n’est pas parce que ce sont des individus particulièrement immoraux mais parce qu’ils estiment que ces ouvrages n’intéressent pas grand monde à part eux (ce qui n’est pas faux). Toutefois, à parité de raisonnement, il faudrait supposer que si les lecteurs d’ouvrages de logique ou de métaphysique les rendent plus souvent à temps c’est parce qu’ils estiment que ces ouvrages intéressent tout le monde, ce qui serait absurde.
(1) Eric Schwitzel, Do Ethicism Steel More Books ?, Philosophical psychology, 22, 2009, p.711/725