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Blog professionnel de Dominique Lahary, bibliothécaire. Mes propos n'engagent que moi.

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Après les attentats de janvier 2015 : Les bibliothèques, un outil pour construire et réparer le lien social

Posted by Dominique Lahary sur 12 février 2015

[Ce texte est publié sur le blog http://bibliothequesmaisonscommunes.wordpress.com/, j’y renvoie y compris pour les commentaires]

Après le moment de l’émotion viennent ceux de la réflexion et de l’action.

Le monde des bibliothèques a manifesté, comme l’ensemble du pays, son émotion face aux attentats.

Après ce moment nécessaire, la complexité des situations, la diversité de nos opinions, nous rappellent à la réalité.

Mais l’atteinte aux vies, que ce soit celle de Juifs, de dessinateurs ou de qui que ce soit, mais l’exploitation de l’émotion pour désigner des coupables collectifs et creuser les fractures sociales, interethniques, interreligieuses ou politiques, nous rassemble dans un même refus et une même volonté de construire.

Si la profession est loin d’être exempte de réflexion, l’événement nous oblige à dépasser nos habitudes de pensée et à ouvrir de nouvelles voies d’action.

Réactions naturelles aux attentats

Les bibliothécaires, en tant que médiateurs, se sont prioritairement attachés à poser la question du pluralisme, de la censure et des équilibres de l’offre documentaire. C’est légitime et nécessaire pourvu qu’on s’interroge sur ses propres pratiques. Et l’attaque contre la liberté d’expression appelle une telle réflexion.

Mais, s’il est vrai que la médiation de contenus confère une portée sociale à la fonction des bibliothèques dans la cité, elles ne peuvent que s’interroger également sur leur rôle dans les évolutions sociales qui sous-tendent les évènements.

On s’est beaucoup posé, au lendemain des événements tragiques des 7, 8 et 9 janvier, la question de l’école. En particulier à la suite des incidents qui ont émaillé dans certains établissements d’enseignement primaires et surtout élémentaires. Plus généralement a été posé la question des inégalités territoriales, de la perte de repère démocratique dans certains quartiers ou zones d’habitation. On s’est posé la question de la cohésion sociale, du vivre ensemble. Du souci de ne laisser aucune fraction de la population à l’écart de la communauté nationale. Mais les commentateurs, les experts, la presse, les responsables politiques nationaux n’ont jamais cité les bibliothèques.

Si elles ont un rôle proche de l’école et de nombreuses institutions culturelles dans la formation des esprits en vue du bien commun, si elles sont confrontées aux mêmes évolutions qui remettent en cause la légitimité et la portée des voies de cette formation, leur histoire récente est celle d’un développement sans précédent, précisément sur la période qui correspond à l’âge des meurtriers.

Alors se trouve posée la question des publics que l’on touche et de ceux que l’on exclut peut-être, des contenus et de nos médiations.

Ce que sont les bibliothèques : des maisons communes

Bien souvent, dans le quartier ou le village, la bibliothèque ou médiathèque publique est le seul équipement ouvert à tous sans condition ni obligation de consommation tarifée, sans sélection par l’âge ou la nature des activités proposées. En centre-ville ou quartier attractif, la grande médiathèque attire des populations variées. On sait que de plus en plus de personnes pénètrent dans ces équipements, y séjournent, sans forcément y emprunter ou rendre des livres ou autres documents.

Il n’est pas indifférent que de tels endroits existent, quand ils existent ! Pas indifférent que des zones entières en soient dépourvues, ce qui contribue à leur relégation.

Une bibliothèque est, si on le veut bien, si on l’a conçue et la pratique comme telle, une maison commune où chacun peut individuellement ou en groupe séjourner, étudier, se distraire, être libre.

Cela demande de la surface et du mobilier tables et sièges. Des espaces de séjour et d’activité, à la mesure des dimensions du bâtiment.

C’est un équipement où se côtoient les générations, et les jeunes y viennent volontiers quand il est conçu pour les accueillir.

C’est un équipement où peuvent se brasser les personnes de toutes origine set de toutes conditions, en fonction bien sûr de leur localisation et de leur aire d’attractivité.

C’est enfin un équipement, et ce n’est pas indifférent, où se propose et s’expose la diversité des pensées, des expressions culturelles et des goûts. Un des lieux où peut se former le citoyen.

Premier réseau culturel du pays avec quelque 17 000 lieux, inégaux en vérité dans leur capacité à remplir les missions ici décrite, elle a vocation à être partout, dans la proximité du quartier et du village et l’attractivité des centres.

Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas ici de viser exclusivement certains types de quartiers urbains ou périurbains d’habitat collectif. C’est aussi en milieu rural que des populations sont délaissées, loin des services publics.

Un programme de travail

De ces considérations on peut tirer quelques éléments d’un programme :

  • Prendre en compte la dimension d’espace public et son rôle dans la société. Ce qui veut dire étudier cette question, partager les expériences, disséminer les innovations.
  • Là où les équipements le permettent, réfléchir aux actions possibles, échanger sur les expériences, consolider et capitaliser les acquis.
  • Élaborer des éléments pouvant inspirer les aménagements et construction de locaux de bibliothèque prenant en compte leur fonction d’espace public.
  • Identifier les zones d’habitation dépourvues de tels services et prendre les mesures nécessaires pour combler ces manques.
  • Travailler sur les équipements multifonctionnels, faisant cohabiter ou mêler.
  • Travailler sur les synergies nécessaires entre services culturels, sociaux et autres relevant ou non des mêmes autorités publiques ainsi qu’avec le tissu associatif.

Bien évidemment, nulle autorité centrale unique n’est compétente pour définir et mettre en œuvre un tel programme.

Sa réalisation ne pourra être qu’à l’image même de ce les bibliothèques tentent de promouvoir : la fluidité sociale, l’intelligence partagée et la volonté de construire.

Elle doit engager élus, professionnels, intellectuels et journalistes.

Appel pour un partage de la réflexion et des expériences

Si l’urgence est là, la précipitation serait la pire des réponses. La réflexion professionnelle ne découvre pas ces problématiques et est déjà riche. Il ne s’agit donc pas de produire pour produire des textes qui viendraient recouvrir d’un vernis conjoncturel une réflexion déjà existante.

Il s’agit de produire une réflexion et un diagnostic aptes à déboucher sur des objectifs et de nouveaux outils de travail pour les bibliothèques.

Il s’agit également de partager les expériences, les réussites comme les échecs.

A cette fin, nous proposons que s’organisent une série d’ateliers organisés à l’échelle nationale ou locale selon un programme de thématiques à traiter de manière ouverte et coordonnée.

C’est pourquoi nous appelons élus, professionnels et intellectuels, individuellement ou organisés en associations ou collectifs et partageant ces objectifs, à tout faire pour que de telles initiatives se développent et se coordonnent.

Nous vous proposons de regrouper vos réactions et retours d’initiatives sur le présent blog de manière à garder trace, pouvoir faire état de ces actions et éventuellement converger vers une initiative professionnelle commune

Philippe Charrier, bibliothécaire non retraité, et Dominique Lahary, bibliothécaire retraité
11 février 2015

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Communiquer sur les bibliothèques… ouvertes

Posted by Dominique Lahary sur 25 février 2014

Je suis de ceux qui ont un moment rêvé d’une campagne de communication sur les bibliothèques (non pas pour elles, mais sur leur utilité dans la société, sur les services qu’elles rendent). Nous l’avons rêvé… Bibliothèques sans frontières (BSF) l’a fait !

Lancé dans les tout premiers jours de janvier, la pétition Ouvrons + les bibliothèques a immédiatement reçu un très large écho dans la presse écrite (papier et en ligne) et audiovisuelle.

C’est une pétition éminemment positive, qui promeut le besoin de bibliothèques, l’utilité des bibliothèques : « La bibliothèque a aujourd’hui bien plus à offrir qu’une collection de livres. Elle donne un accès privilégié à la culture, à l’information et aux nouvelles technologies. Elle peut être un lieu de travail individuel ou de réunion pour monter des projets (d’association, d’entreprise, etc.). Elle est essentielle pour la réussite des étudiants et des lycéens, notamment les plus modestes. Les citoyens ont besoin des bibliothèques, et les bibliothèques doivent s’adapter aux besoins de leurs publics pour assurer leur avenir ». Et la presse a relayé ce besoin.

Ouvrons-+-les-bibliothèquesC’était finalement la bonne idée, que de communiquer à partir d’un manque. « Ouvrons plus les bibliothèques », cela veut aussi dire « Nous voulons plus de bibliothèque », certes dans l’espace, mais aussi dans le temps.

La charte que BSF propose aux candidats aux municipales de signer est en tous points remarquable. S’appuyant sur « les principes à valeur constitutionnelle de continuité et d’égalité devant le service public », elle demande l’élargissement des heures d’ouverture « selon l’étude préalable des enjeux locaux, des usagers et de leurs besoins », « la coordination des structures locales », recommande « [d’]associer les professionnels et [de] respecter le métier de bibliothécaire », en suggérant notamment le respect de « leurs conditions de travail » et « des compensations suffisantes pour le travail dominical et du soir »,  proclame qu’il faut « accorder des moyens suffisants » tout en admettant l’utilité de « réorganisation internes » et enfin promeut « l’ancrage des bibliothèques au cœur de la vie publique ».

L’insuffisance globale des heures d’ouverture des bibliothèques, particulièrement des bibliothèques publiques en France est un fait connu. Avant même les deux rapporte de l’Inspection générale des bibliothèques sur le sujet (Améliorer l’accueil dans les bibliothèques : Propositions pour une extension des horaires d’ouverture par Georges Perrin avril 2008  et L’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques : progrès et obstacles par Dominique Arot, novembre 2012), j‘avais été frappé par l’article de Peter Borchardt Les bibliothèques de lecture publique en France vues d’Outre-Rhin (Bulletin des bibliothèques de France, n° 5, 2002). S’appuyant sur une observation ayant durée une vingtaine d’année, ce collègue allemand, après avoir noté l’engagement de l’Etat, dis son admiration pour l(architecture de nos bâtiments et la richesse de nos programmes d’action culturelle. Mais il a cette remarque cruelle : « Ce qui ne manque jamais d’étonner les bibliothécaires allemands, c’est la disproportion entre l’effectif du personnel et les heures d’ouverture ».  Et de pointer le faible niveau de coopération (« On a l’impression que chaque bibliothèque travaille pour elle-même ») et « la persistance du catalogage local et le temps qui lui est consacré ». J’avais l’année suivante résumé ainsi ce diagnostic : « Une bibliothèque publique à la française, c’est un établissement où on passe beaucoup de temps à faire autre chose qu’accueillir le public » (Lecture publique et territoires : essai de rétroprospective. Journées d’étude de l’ADBDP de novembre 2001, http://www.adbdp.asso.fr/Le-developpement-territorial-de-la).

Le grand mérite de cette campagne est de donner un coup de boutoir tout en valorisant les bibliothèques. Et ce coup de boutoir ne pouvait venir que de l’extérieur du milieu professionnel lui-même. Une partie de ce dernier, c’était prévisible et explicable, a réagi par une contre-pétition, Ouvrons mieux les bibliothèques, qu’on peut entendre et respecter, mais qui n’a aucune chance d’obtenir le même écho.

Les deux clés sont dans la charte proposé par BSF aux élus à à ceux qui veulent l’être : des moyens, mais aussi une politique de l’emploi adaptée (avec un volant de vacataires), de la mutualisation, des réorganisation internes. Les bibliothèques universitaires n’ouvriraient pas en moyenne 60 heures s’il n’y avait pas les moniteurs étudiants.

acces-horaire-bib-idfIl faut naturellement moduler les projets d’horaires en fonction des moyens. Mon étude de septembre 2011 portant sur l’Île-de-France et mise en ligne par le MOTif, Observatoire du livre et de l’écrit en Île-de-France, montre notamment la relation entre ouverture et population municipale. Et en complément des moyens d’heures d’ouverture généralement présentées, j’y calcule la population ayant accès à telle amplitude horaire, ce qui minimise l’impact des établissements les moins ouverts. Toutes les collectivités n’ont pas les moyens d’ouvrir autant, il n’est pas partout pertinent d’ouvrir le soir ou le dimanche. Mais oui, d’une manière générale, en France, on pourrait faire mieux. Il faut faire mieux.

Dans son étude Happy Hours : Impact des horaires d’ouverture sur les usages et fréquentations en bibliothèque publique de juin  2011 , le MOTif a mis en évidence six profils typiques d’usagers qui se distinguent par leur demande en matière d’horaires d’ouverture :

  • Les étudiants et lycéens) sont gros utilisateurs des espaces, viennent souvent, restent longtemps, empruntent peu. Ils sont prêts à venir plus encore, happy-hoursjusqu’à une heure avancée le soir, pendant les week‑ends et les vacances scolaires, voire en matinée.
  • Les demandeurs d’emploi ont des habitudes proches de celles des étudiants
  • Les adultes accompagnés d’enfants viennent les mercredis et en week‑end et empruntent beaucoup ; c’est un public féminin le mercredi, plus masculin le week‑end.
  • Les actifs fortement diplômés viennent surtout le week‑end, empruntent beaucoup et restent peu sur place.
  • Les actifs moins diplômés viennent plus facilement en semaine et séjournent un peu plus longtemps. Ils sont gros emprunteurs de DVD.
  • Les retraités viennent à n’importe quel moment mais peu en soirée et aiment lire sur place.

Choisir des horaires c’est donc choisir des publics. Mais selon les endroits, ces publics sont ou pas susceptibles de venir et les besoins ne sont donc pas les mêmes.

Les choix horaires se décomposent à mon sens en six modalités :

  • l’amplitude hebdomadaire qui permet de chiffrer une offre globale ;
  • le nombre de jours d’ouverture et le choix de ceux-ci, ce qui comprend la quesiton du dimanche ;
  • la pause méridienne, qui selon la configuration locale peut rendre incongru la fermeture de la bibliothèque ;
  • l’heure de fermeture le soir ;
  • la régularité des horaires d’un jour sur l’autre, permettant de les mémoriser ;
  • les adaptations saisonnières, par exemple durant les vacances scolaires, les périodes d’examen ou la saison estivale.

En se concentrant sur les soirées et le week-end, la pétition Ouvrons plus les bibliothèques, traite une partie de ces questions et privilégie une partie des publics. Mais cette simplification est efficace et permet d’ouvrir la question générale des horaires. Une question bibliothéconomique, une question politique. Une question de service public.

Voir aussi :

Perrin, Georges. Accueillir de nouveaux publics ? Oui ! Mais quand ?, Bulletin des bibliothèques de France n°5, 2009.

Mon précédent billet sur ce sujet : Une bibliothèque doit être ouverte ou fermée, 11 novembre 2008.

[en bleu, réparation le 27/02/2014 d’un oubli et ci-dessous une brassée de liens tous frais ajoutés le 26 mars]

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On peut parler vite et bien des bibliothèques à la radio

Posted by Dominique Lahary sur 1 mars 2011

France-Inter, mardi 1er mars de 6h26 à 6h29, séquence Tu veux ma photo.

« Cléo, 33 ans »,  « bibliothécaire dans une médiathèque de la Seine-Saint-Denis ».

En quelques mots l’essentiel est dit, le lieu ouvert à tous, les ados qui squattent mais pas seulement, les ateliers et les rencontres avec les auteurs.

Bref,  le lieu et la médiation. La médiathèque aujourd’hui.

Bravo Cléo.

On peut (ré)écouter pendant 30 jours.

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Un service est un service

Posted by Dominique Lahary sur 9 juillet 2010

On entend souvent dire : l’animation a pour but de mettre en valeur les collections, telle collection est un produit d’appel, tel support sert à faire venir des gens.

Je propose de prendre l’exact contre-pied de tout cela et de proclamer qu’un service (proposé par la bibliothèque) est un service (légitime en lui-même) proposé à des publics (qui en jouissent pour lui-même). Un service n’est pas une ruse pour amener les gens à autre chose, il est un service, c’est tout. Et c’est bien.

Une collègue expliquait récemment dans une journée d’étude, en présentant son activité de ludothèque au sein de la médiathèque : nous proposons aux usagers de jouer. C’est juste pour jouer. Il n’y a pas d’autre objectif.

Il est compréhensible que dans le commerce on utilise des produits d’appel pour faire venir les gens et les amener à consommer autre chose. Légitime qu’un éditeur, un libraire comptent sur la vente de best-seller.

Mais nous agissons dans le cadre d’un service public, de politiques publiques. Tout ce que nous offrons est légitime – ou n’est pas offert.
[Voir ici pour dissiper toute ambiguïté]

Dès lors il importe peu que des usagers de certaines animations ne reviennent pas fréquenter la bibliothèque pour autre chose, comme on l’entend regretter. On leur a rendu un service. La bibliothèque est un carrefour de services, et pour cela constitue, dans ses lieux et sur ses sites, des carrefours d’usagers.

S’il ces usagers se croisent et s’enchevêtrent, tant mieux. C’est alors le fait de ces rencontres et croisements qui constituent un service en soi – la bibliothèque outil de lien social.

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Vive l’horizontal !

Posted by Dominique Lahary sur 14 Mai 2010

Le plaisir d’entendre, ce dimanche matin dernier 9 mai sur France-Inter, François de Singly et Patrick Bazin, dans le cadre d’une thématique du week end sur l’enseignement et la transmission. Patrick Bazin  répond aux questions en forme de lieux communs pour dire le bienfaits de l’extension de l’accès à la connaissance et l’utilité de la désacralisation « On a pensé que le savoir était un trésor qui s’accumule par exemple dans les bibliothèques, mais le savoir est d’abord un acte de communication. » François de Singly évoque l’anthropologue Margareth Mead, qui l’aurait prêché dans le désert, pour souhaiter un rapport horizontal dans la transmission de la connaissance, et cite les bibliothèques et leur médiation comme exemple d’horizontalité.

(C’est ici à partir de 1h41 d’émission, et pour l’horizontalité surtout à partir de 1h54 )

En 2003, j’avais proposé cette formule : « la médiation, d’accord, mais dans les deux sens », dans mon article Métier, as-tu du cœur ? et en 2004, dans une intervention sur Le(s) changement(s) dans le(s) métier(s), celle-ci : Savoir se situer par rapport au public (si possible ailleurs qu’au-dessus !!!), ce que j’oppose à la sentance souvent entendue selon laquelle les bibliothécaires sont là pour « tirer le public vers le haut ».

On retrouve l’horizontal dans le très bel article de Gille Eboli  Des nouvelles du futur (des bibliothèques) paru dans le Bulletin des bibliothèques de France n°3, 2010, où, à propos de ce que nous apporte le Web 2.0… y compris en dehors de tout contexte numérique et informatique, il note : « on entrevoit un métier aux prises avec le passage d’un paradigme vertical, prescriptif et collectif, au cœur de métier centré sur la collection, à un paradigme horizontal, participatif et personnalisé, au cœur de métier centré sur le public. »

Vive l’horizontal !

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La bibliothèque, outil du lien social

Posted by Dominique Lahary sur 14 novembre 2008

Une fois n’est pas coutume, j’aborde ici un sujet directement lié à mon travail à la Bibliothèque départementale du Val d’Oise.

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Une bibliothèque doit être ouverte ou fermée

Posted by Dominique Lahary sur 11 novembre 2008

La Gazette des communes, des départements et des régions publie en pp. 34 à 36 de son numéro du 27 octobre 2008, sous la signature d’Hélène Girard, un article intitulé Bibliothèques : pari sur l’extension des horaires qui fait un bon état de la situation : insuffisance française des horaires d’ouverture des bibliothèques publiques, coût de leur extension, utilité de recourir à de vacataires et difficultés corporatistes parfois soulevés par leur présence, nécessité à la fois du volontarisme mais aussi d’une bonne préparation pour réussir une telle entreprise. L’extension, ce peut être le dimanche, quand c’est opportun. Mais aussi d’autres jours. C’est aussi la simplification des horaires : les mêmes tous les jours, sinon c’est incompréhensible. L’extension est évidemment fonction de la taille de la collectivité : on ne peut pas ouvrir 60 heures partout.

Il devient de plus en plus évident que les bibliothèques sont des LIEUX.

Des lieux dont la population s’empare pour toutes sortes d’usage qu’il convient, pour la plupart d’entre eux, de respecter. Des lieux publics. Un service public des lieux.

Des lieux publics doivent être ouverts le plus possible, c’est une évidence. Cela nécessite de penser l’organisation du travail, la mobilisation des compétences, la politique d’emploi, en fonction de cette mission.

C’est l’occasion de lire ou de relire le rapport remis par l’inspecteur général Georges Perrin en avril aux ministres de la culture et de l’enseignement supérieur sous le titre Améliorer l’accueil dans les bibliothèques : propositions pour une extension des horaires d’ouverture.

A la remarque suivante de la Gazette des communes « Nombre de bibliothécaires disent que l’extension des horaires est très difficile à mettre en œuvre. » Georges Perrin répond : « Effectivement, ce n’est pas facile, Cela tient au fait que la plupart des structures fonctionnent de façon trop traditionnelle, avec une organisation interne trop cloisonnée et un souci. certes légitime. mais disproportionné. du traitement des collections et du circuit de la documentation. Il est temps de revoir la hiérarchisation des missions des bibliothèques, la première étant d’accueillir le public lorsqu’il est disponible. Il faut également instaurer davantage de transversalité pour recréer de la polyvalence. Tous les bibliothécaires devraient retrouver le contact direct avec le public. »

Les bibliothèques universitaires françaises, qui ont souvent le défaut de trop fermer durant les vacances universitaires, sont tout de même ouvertes en moyennes 57 heures par semaine, contre 19h30 pour les bibliothèques municipales (30 heures dans les communes de plus de 30 000 habitants).

Réponse du 16 novembre 2008 aux commentaires postés

Je note derrière la plupart des commentaires un malentendu qui conduit à préciser les choses : la question des horaires est évidemment dépendante de la taille du bassin de population concerné et des moyens des communes. Je l’ai dit mais dois le redire encore plus fort et en donne bien volontiers acte. Quand on le lit sérieusement, on voit bien que le rapport Perrin porte surtout sur les grandes villes universitaires, pour lesquelles il propose des une démarche concertée université-collectivité locale avec le soutien financier de l’Etat. Il étudie d’ailleurs un panel de 22 villes ou la moyenne d’ouverture des bibliothèques municipales est de 39 heures par semaine (58 pour les BU).

Dans ce contexte, oui, les moyennes sont trompeuses, et celle qui me paraît la plus intéressante concerne les communes de plus de 30 000 habitants. Quant aux comparaisons internationales, elles mériteraient naturellement d’être effectuées pour toutes les tailles de population. Quant on cite les horaires d’ouverture dans de grandes métropoles, comme le fait la Gazette (40 à 67 heures pour Copenhague, Amsterdam, Helsinki, Birmingham, Helsinki, Turin, Valence, etc.), on ne parle des grandes métropoles, c’est bien évident.

J’ajouterais de plus que s’il y a en France énormément de communes, il y a aussi, me semble-t-il, énormément de petites bibliothèques à ces niveaux de population où on ne trouve guère d’équipement dans d’autres pays, en Allemagne par exemple. Il y aurait d’ailleurs là une intéressante étude à mener et je n’ai pas connaissance qu’elle l’ait été.

Rassurez-vous, on n’ouvre guère 30 heures en-dessous de 10 000 habitants, cela se comprend.

D’autre part, la contribution de Bernard Majour apporte de nombreux éléments intéressants à verser au dossier, et pas seulement pour les petites bibliothèques ! Je souscris à la plupart.

Cela n’empêche : il y a bien à mon avis, comme à celui de bien d’autres, un problème des heures d’ouverture des bibliothèque publiques en France, et sans doute des oppositions frontales sur cette question et sur le contexte auquel le rattacher. Assumons-les. Je me souviens encore de cette remarque de notre collègue allemand Peter Borchardt dans on article Les bibliothèques de lecture publique en France vues d’Outre-Rhin paru dans le Bulletin des bibliothèques de France n°5 de 2002, qui comportait à part cela de nombreuses appréciations élogieuses :

« Ce qui ne manque jamais d’étonner les bibliothécaires allemands, c’est la disproportion entre l’effectif du personnel et les heures d’ouverture. Nous constatons régulièrement que bien que les bibliothèques françaises disposent de plus de personnel que les bibliothèques allemandes, elles n’en continuent pas moins à offrir beaucoup moins d’heures d’ouverture. On voit bien que le dispositif français n’est pas organisé pour profiter des expériences et des travaux d’autres bibliothèques. On a l’impression que chaque bibliothèque travaille pour elle-même et qu’il n’existe pas de dispositif de coopération qui pourrait réduire les charges de travail interne du personnel, notamment en matière de constitution des fonds et de catalogage. »

Et j’ajoute ces extraits d’interviews menés en 2005 par l’équipe du Crédoc pour l’enquête qui a abouti à la publication de l’ouvrage Les bibliothèques municipales en France après le tournant Internent : attractivité, fréquentation et avenir, Bibliothèque publique d’information, 2007 (coll. Études et recherches) :

« Les horaires [de la bibliothèque], ça correspond aux horaires de travail, ce n’est pas très pratique. »

« Ce n’est pas adapté à la vie professionnelle. Il faut être à la retraite. »

« On devrait pouvoir y aller en emmenant les enfants à l’école ou après les avoir amenés, mais c’est fermé. »

« J’aimerais venir plus souvent mais, pour moi, c’est une contrainte de venir le samedi. »

« Les horaires sont trop compliqués. Tous les jours à la même heure, ce serait plus simple. »

« Pendant les vacances, je me fais toujours avoir, je ne sais jamais quand on peut venir. »

« Dans l’idéal, il faudrait que ce soit ouvert le dimanche matin. Les musées sont bien ouverts le dimanche. »

« Le dimanche, on pourrait emmener les enfants, quand on se promène et qu’on n’a pas grand chose à faire. »

« Il faudrait une boîte à l’extérieur pour déposer les livres. »

Je les citais dans mon introduction à un atelier organisé en décembre 2007 par le CNFPT dans le cadre des le cadre des entretiens territoriaux de Strasbourg sur le thème Nouvelles mobilités, nouveaux rythmes : Quels enjeux pour les services publics de la culture ?

Quelques remarques complémentaires :

  • C’est un sujet de politique publique locale qui ne concerne pas que les bibliothécaires, mais aussi les élus et cadres dirigeants territoriaux, et pend place dans la problématique plus générale de l’ouverture et de l’accessibilité des services publics(voir les démarches de type « bureau du temps » dans certaines municipalités).. C’est pourquoi il en est question dans la Gazette des communes. Dans mon article L’agent c’est de l’argent, paru dans BIBLIOthèque(s) n°40, octobre 2008, je fais l’hypothèse que l’amplitude d’ouverture est souvent une variable d’ajustement, une résultante des ressources allouées et de la façon dont elles sont utilisées. Elle devrait plutôt faire l’objet d’une politique consciente (toujours rapportée, naturellement, aux ressources raisonnablement disponibles).
  • La question des moyens n’est pas occultée par l’article de la Gazette ni le rapport Perrin, qui préconise l’emploi vacataire étudiant et recommande des aides de l’Etat. Mais cette question ne dédouane pas d’une réflexion sur la nature des tâches ni même sur la structure de l’emploi. On en reparlera par exemple quand on aura cessé de faire du catalogage artisanal ou de passer du temps à modifier des notices récupérées.
  • L’extension et/ou l’adaptation des horaires d’ouverture, répond principalement à deux besoins : emprunter/rendre, utiliser le lieu. Pour emprunter/rendre, il est commode de disposer de larges plages, à moduler selon les rythmes spécifiques de la population locale. Mais pour utiliser le lieu, l’extension est aussi commode. Je dirais que plus la bibliothèque est un lieu de séjour, plus les horaires devraient être larges, ne serait-ce que pour le public étudiant, s’il existe (dans une ville universitaire, bibliothèques publiques et universitaires accueillent de concert les étudiants, qu’on le veuille ou non, et voilà notamment pourquoi on en compare les hotaures d’ouverture). On n’ouvre pas seulement pour les emprunteurs, je renvoie aux conclusions de l’enquête du Crédoc. Il n’y a pas de rapport direct entre cette question et celle de la baisse (ou stagnation) des prêts et toute corrélation qui serait faite entre les deux devrait être démentie. Il y a par contre un rapport entre des heures d’ouverture large et la fréquentation d’un public occasionnel, qui selon les enquêtes est de plus en plus nombreux. Plus une bibliothèque est ouverte à la société, plus la frange d’usagers occasionnels s’accroît. Pour être ouvert à la société, il faut être ouvert, tout simplement, quand un cercle d’habitués peu s’accommoder d’horaires qu’il maîtrise.
  • Le temps passé pour l’accueil du public spécifique est évidemment à prendre en compte à divers titres (cela fait partie des publics touchés, cela prend du temps au personnel, cela peut dans certain cas empêcher l’accueil du public général) mais du point de vue du besoin d’ouverture à tous, c’est hors sujet.
  • Enfin, en ce qui concerne la fonction documentaire des bibliothèques, qui n’est pas la seule, répétons-le, il y a deux moyens, à part les horaires, pour faciliter la vie des gens : mettre des boîtes à documents (ça c’est 24/24 et 365/265) et permettre, dans le cadre de réseaux, de rendre ses documents ailleurs qu’à l’endroit où l’on a emprunté.

Je n’ai pas parlé du dimanche ? Parce qu’il n’y a pas à focaliser là-dessus, c’est une modalité parmi d’autre d’adaptation des plages d’ouverture. Mais quand on la pratique, ça marche, et un autre public vient. Peut-être veut-on fermer tout le week-end les musées, les cinémas et les théâtres… et les transports en commun ?

Je termine par une remarque personnelle : je n’ai certainement pas fait tout ce qui était en mon pouvoir, dans ma carrière professionnelle, pour faciliter les extensions d’horaire. Je prends ma part du problème.


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Segmentons

Posted by Dominique Lahary sur 11 novembre 2008

Je réagis un peu tard au billet de Lionel Dujol « Segmentons nos portail », qui commence par ces mots : « Un service égal à tous les usagers. Un positionnement historique des bibliothèques avec lequel j’ai quelques soucis »
Il me donne l’occasion (merci à lui) de me débarrasser d’un article qui me restait sur l’estomac. Le Bulletin d’informations de l’ABF n°158 (1er trimestre 1993) a publié sous ma plume une note de lecture sur la première édition de l’ouvrage de Jean-Michel Salaün Marketing des bibliothèques et des centres de documentation publié en 1992 par les Editions du Cercle de la librairie dans la collection Bibliothèques). Je mets en ligne cet article… pour le renier. Je le fais précéder d’un préambule où j’écris notamment ceci : « Le passage clé de cet article, c’est celui qui exprime le refus de la segmentation. Il est inspiré par une conception de l’usager abstrait. Aujourd’hui je retournerais le propos : « Bien sûr, la bibliothèque s’adresse à tous et à chacun, libre de se frayer son propre chemin. Mais elle se doit aussi de concevoir des services adaptés à différents types de publics : n’ayons pas peur de segmenter. »

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Adolescents et bibliothèques

Posted by Dominique Lahary sur 23 août 2007

Adolescents et bibliothèques : Je t’aime, moi non plus : Actes du colloque organisé par le Conseil général du Val d’Oise et l’association Cible 95, Cergy, 20 octobre 2005 [publiés en octobre 2006] : Synthèse.

Intervention de clôture d’un colloque sur les adolescents. Synthèse d’une partie de la journée, autour de thèmes clés, agréments de deux apports : la leçon d’étude sociologues (« Il y a toujours mieux à faire que de lire ») et celle d’études quantitatives (sur la fracture sexuelle dans les pratiques culturelles).

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Métier, as-tu du coeur ? : À propos du métier de bibliothécaire et du concours éponyme

Posted by Dominique Lahary sur 23 août 2007

BIBLIOthèque(s) n°7, février 2003 :
Métier, as-tu du coeur ? : À propos du métier de bibliothécaire et du concours éponyme

Ceci est une contribution spontanée à BIBLIOthèque(s). Sur un jeu de mot à propos de l’expression « coeur de métier », un vibrant appel à un repositionnement par rapport au public. Ma conclusion : « La médiation ? D’accord, mais dans les deux sens » ce qui rend le public sujet et non seulement objet.

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