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Blog professionnel de Dominique Lahary, bibliothécaire. Mes propos n'engagent que moi.

Archive for novembre 2008

Chapeau à Europeana !

Posted by Dominique Lahary sur 21 novembre 2008

Hier 20 novembre 2008, Europeana, la bibliothèque numérique européenne, a été inaugurée.

Il y a 17 ans apparaissait le web, météorite géante qui n’a pas fini de faire trembler le monde, virtuel ET physique..

Depuis, trois web coexistent :

  1. le web coopératif, communautaire, personnel et interpersonnel, qui fut aussi l’Internet d’origine ;
  2. le web marchand, dont une des figures est la gratuité, et qui a réussi a absorber en partie le premier en l’hébergeant et en tirant profit de l’activité non rémunérée des internautes (c’est l’informatique en nuages) ;
  3. enfin le web public, qui est aussi un web de service public.

Il est d’utilité publique que le troisième existe, lui aussi. C’est affaire de volonté politique. D’action déterminée des puissances publiques, à tous les niveaux. Ne serait-ce que pour cela (mais il y a bien sûr d’autres raisons de se réjouir), saluons Europeana.  Dont le site a été tellement visité qu’il a dû être fermé au bout de quelques heures. ll’est toujours à l’heure où j’écris. Comme le rapporte l’AFP :

« En une heure ce matin, 10 millions de personnes ont essayé d’avoir accès à la bibliothèque. Jamais une initiative européenne n’a eu autant de succès », a commenté Viviane Reding, la commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, lors du lancement officiel.

Lisons le communiqué de la Commission européenne.

Ajout du 26 novembre : Pour en savoir plus : ce billet d’Affordance qui commente le départ raté d’Europeana et comprend pas mal de liens intéressants.

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Le bibliothécaire coincé et la médiathèque

Posted by Dominique Lahary sur 17 novembre 2008

« Bibliothécaire aux habitudes maniaques » (Fluctuat.net)

« Bibliothécaire plutôt replié sur lui-même » (Commeaucinema.com)

« Bibliothécaire frustré » (Les inrockuptibles)

« Bibliothécaire frustré et psychorigide » (Iletaitunefoislecinema.com)

« Bibliothécaire un brin psychorigide » (Critikat.com)

« Bibliothécaire un brin lunaire » (Toutlecine.com)

« Bibliothécaire méthodique qui planifie ses vacances comme il range ses livres » (Cinemagaumontpathe.com)

« Bibliothécaire maniaque » (Cannes-fest.com)

Que nous vaut cette volée de qualificatifs ? Le rôle interprété par Jean-Pierre Daroussin dans le film « Les grandes personnes » d’Anna Novion sorti en salle le 12 novembre 2008. Il ne s’agit pas seulement de l’interprétation de critiques : la réalisatrice et scénariste elle-même parle dans ses interviewes de « bibliothécaire frustré » (Evene.fr) et décrit ainsi le personnage : « Albert le bibliothécaire est un homme bien rangé qui vit dans son monde » (Lesgrandespersonnes-lefilm.com).Et toc !

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La bibliothèque, outil du lien social

Posted by Dominique Lahary sur 14 novembre 2008

Une fois n’est pas coutume, j’aborde ici un sujet directement lié à mon travail à la Bibliothèque départementale du Val d’Oise.

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Les bibliothèques et le millefeuille territorial, 1 : Lecture publique à tous les étages

Posted by Dominique Lahary sur 13 novembre 2008

mille-feuillesJe poursuis la réflexion sur une éventuelle simplification du millefeuille territorial, commencée avec le billet du 9 octobre 2008 intitulé L’Etat stratège et les autres, en prenant la question par le petit bout de la lorgnette : les seules bibliothèques, ou plutôt, la seule lecture publique (qui ne concerne pas toutes les bibliothèques, mais pas seulement les bibliothèques).

Les analyses tendant à préconiser une réforme territoriale reposent sur trois idées forces : il faut réduire le nombre de niveaux de gestion, en spécialiser les compétences et mettre fin aux financement croisés.

A cet aune, le cas de la lecture publique est calamiteux : elle est à tous les étages et bénéficie de financements doubles, triples, voire quadruples.

Le rapport Lambert de décembre 2007 sur Les relations entre l’État et les collectivités locales contient en annexe des  schémas illustrant quelques exemples d’enchevêtrement de compétences (action sociale et médico-sociale, insertion socioprofessionnelle, formation professionnelle et formations sanitaires et sociales, enseignement scolaire et supérieur) et propose des « pistes de désenchevêtrement ».

Je m’en inspire pour dresser le schéma de la lecture publique en France :

mille-feuilles-bibli1

(où les flèches pleine indiques la gestion des établissements et les lignes en pointillé les subventions).

Seule la Région jour un rôle marginal, en faisant vivre un organisme de type Centre régional du livre. Dans quelques cas minoritaires, elle subventionne des investissement des commune sou intercommunalités.

Tous les autres échelons entretiennent des bibliothèques. Tous sauf la commune sont susceptibles de subventionner les échelons inférieurs (dans le cas du soutien des intercommunalités aux communes qui la composent, on parle de fonds de concours).

mille-feuilles-bm1Est-ce si grave, docteur ? Il ne semble pas. Si une mise en réseau plus affirmée est susceptible d’améliorer à bon compte l’efficacité de la gestion des bibliothèques, si le cadre intercommunal peut à l’évidence être utilisé plus pleinement et avec davantage de cohérence, il n’apparaît pas que cet empilement génère vraiment du doublon et du gaspillage de moyens.

Au demeurant, dans bien des cas, ce paysage se réduit à deux échelons : bien des bibliothèques municipales ne sont guère susceptibles de recevoir de subvention que de l’Etat, ce qui nous simplifie assurément le mille-feuilles :

Mais il est vrai que globalement, il y a bien cinq niveaux d’intervention en matière de lecture publique, sans parler des associations. J’y vois trois avantages :

1°) L’exercice de politiques.

Il y a eu, il y a peut-être encore une politique nationale en faveur de la lecture publique. Elle a un instrument : ce qu’on appelle le « concours particulier », c’est-à-dire un système de subvention fléchées et conditionnée à des critères d’éligibilité, dérogation du principe générale de la décentralisation qui veut sue l’Etat ne verse aux collectivités territoriales que des dotations globales.

007Subventionner, c’est influer. Financer, c’est se donner le droit à la parole. En édictant une norme de surface plancher comme condition de son aide à l’investissement, le fameux « taux James Bond » (« zéro zéro sept » m2 par habitant de surface hors œuvre nette jusqu’à 25 000 habitants, ce qui nous fait à peut près 0,05 m2 en surface utile), en conditionnant les défuntes aides du CNL à des dépenses documentaires par habitant et à la présence de personnel, l’Etat a contribué à ce que les collectivités territoriales améliore l’équipement du pays en bibliothèques et médiathèques à la hauteur des besoins.

De même, les nombreux conseils généraux qui ont adopté des plans de développement de la lecture publique soutiennent les communes et intercommunalités, dans le cadre d’une vision globale et à partir de critères d’éligibilité qui leur sont propres, à l’échelle du département, de l’aménagement culturel du territoire.

Je puis témoigner que ces dispositifs de subvention permettent souvent une co-écriture partielle des projets, pour le plus grand bien du public. Ainsi, la combinaison des politiques concours à l’amélioration d’un service public.

2°) L’élargissement du périmètre des financements publics.

Supprimer les financements croisés de la lecture publique, c’est condamner les habitants des petites communes, de celles qui ont peu de ressources et de celles qui attirent une population extérieure à la pénurie en matière de services. Le concours de collectivités au périmètre territorial supérieur est une façon d’élargir la base du financement, ce que je juge légitime pour compenser trois handicaps : la petite échelle, l’insuffisance des ressources et les charges de centralité.

Les financements croisés sont donc l’expression de la solidarité (intercommunale, départementale, régionale, nationale), principe qu’on admet dans le domaine social et qui a toute sa place en matière de lecture publique. Cette solidarité s’exprime par la subvention, mais aussi d’autres moyens comme la fourniture documentaire complémentaire que proposent les bibliothèques départementales.

3°) L’efficacité par la subsidiarité.

La subsidiarité, concept clé de la doctrine européenne, est un principe très simple permettant de penser la répartition des actions entre niveaux de puissance publique : pour chaque action, quel est le meilleur niveau de gestion, celui qui sera le plus efficace ? Ce qui se décline sous deux registres :

  • stratégique (à quel niveau l’action sera la plus cohérente ?) ;
  • (à quel niveau aura-t-on les moyens de l’action ?).

Ce principe conduit à de pas confier à un échelon supérieur ce qui se gère plus efficacement à l’inférieur, mais aussi à ne pas laisser ce dernier en charge d’une action qu’il n’est pas en mesure de mener de façon pertinente.

La subsidiarité ne porte nullement en elle-même la nécessité d’une répartition thématique des compétences, qui conduirait par exemple à ne confier la lecture publique qu’à un seul niveau. Elle peut au contraire permettre, pour un même domaine comme celui de la lecture publique, de penser une répartition des actions entre les niveaux de puissance publique, de même qu’on répartit l’entretien des routes ou la gestion des bâtiments scolaires et universitaires.

Ainsi par exemple le niveau national est-il pertinent pour coordonner les politiques de numérisation, avec la BnF, ou organiser certaines actions de coopération, comme la BPI ; le niveau régional pour organiser la coopération interprofessionnelle et mener des actions dans le domaine de la formation, du patrimoine écrit ; le niveau départemental pour organiser une formation plus adaptée aux besoins locaux et tendre vers l’égalité d’accès des citoyens par une action de soutien et d’équilibre ; le niveau communal ou intercommunal pour gérer des lieux publics. Ce ne sont que des exemples parmi d’autres et, en faisant abstraction de l’histoire, on pourrait penser une autre répartition, notamment pour la gestion directe des bibliothèques, qui nous aurait évité ce monstre conceptuel qu’est la « bibliothèque municipale à vocation régionale », mais enfin la répartition actuelle fonctionne, après tout.

Y a-t-il quelque chose à désenchevêtrer ? Peut-être, mais ce n’est pas criant. Il n’y a pas forcément de doublon, mais une répartition non issue d’un schéma imposé de haut, mais résultant de la libre administration de chaque collectivité.

En matière de la lecture publique, il ne s’agit pas d’assigner à un seul niveau de puissance publique une compétence fixe, obligatoire et incontestable, telle que la gestion de l’état-civil, mais de permettre la coalition des volontés et des moyens pour réussir le développement.

Faut-il limiter le nombre de niveaux ? L’angle que j’ai choisi ne permet pas d’en décider et ce n’est pas nécessaire, car ce n’est certes pas à partir du cas des bibliothèques qu’une éventuelle réforme territoriale sera décidée. On peut imaginer la réduction de cinq à trois ou quatre niveaux, par fusion des communes et des intercommunalités et/ou des départements et des régions. Cela n’empêcherait pas la mise en œuvre des trois principes que j’ai énoncés : mise en œuvre de politiques, modulation du périmètre des financements publics et subsidiarité.

Le petit bout de la lorgnette que j’ai choisi a-t-il permis d’éclairer le sujet général ? Ne me suis-je pas contenté de justifier l’existant ? Au lecteur d’en juger.

Voir aussi :

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L’agent, c’est de l’argent

Posted by Dominique Lahary sur 12 novembre 2008

J’ai livré à la revue BIBLIOthèques(s) de l’ABF, pour le dossier Et si on parlait argent ? de son numéro 40 (octobre 2008) un article que j’ai intitulé L’agent, c’est de l’argent.

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Une bibliothèque doit être ouverte ou fermée

Posted by Dominique Lahary sur 11 novembre 2008

La Gazette des communes, des départements et des régions publie en pp. 34 à 36 de son numéro du 27 octobre 2008, sous la signature d’Hélène Girard, un article intitulé Bibliothèques : pari sur l’extension des horaires qui fait un bon état de la situation : insuffisance française des horaires d’ouverture des bibliothèques publiques, coût de leur extension, utilité de recourir à de vacataires et difficultés corporatistes parfois soulevés par leur présence, nécessité à la fois du volontarisme mais aussi d’une bonne préparation pour réussir une telle entreprise. L’extension, ce peut être le dimanche, quand c’est opportun. Mais aussi d’autres jours. C’est aussi la simplification des horaires : les mêmes tous les jours, sinon c’est incompréhensible. L’extension est évidemment fonction de la taille de la collectivité : on ne peut pas ouvrir 60 heures partout.

Il devient de plus en plus évident que les bibliothèques sont des LIEUX.

Des lieux dont la population s’empare pour toutes sortes d’usage qu’il convient, pour la plupart d’entre eux, de respecter. Des lieux publics. Un service public des lieux.

Des lieux publics doivent être ouverts le plus possible, c’est une évidence. Cela nécessite de penser l’organisation du travail, la mobilisation des compétences, la politique d’emploi, en fonction de cette mission.

C’est l’occasion de lire ou de relire le rapport remis par l’inspecteur général Georges Perrin en avril aux ministres de la culture et de l’enseignement supérieur sous le titre Améliorer l’accueil dans les bibliothèques : propositions pour une extension des horaires d’ouverture.

A la remarque suivante de la Gazette des communes « Nombre de bibliothécaires disent que l’extension des horaires est très difficile à mettre en œuvre. » Georges Perrin répond : « Effectivement, ce n’est pas facile, Cela tient au fait que la plupart des structures fonctionnent de façon trop traditionnelle, avec une organisation interne trop cloisonnée et un souci. certes légitime. mais disproportionné. du traitement des collections et du circuit de la documentation. Il est temps de revoir la hiérarchisation des missions des bibliothèques, la première étant d’accueillir le public lorsqu’il est disponible. Il faut également instaurer davantage de transversalité pour recréer de la polyvalence. Tous les bibliothécaires devraient retrouver le contact direct avec le public. »

Les bibliothèques universitaires françaises, qui ont souvent le défaut de trop fermer durant les vacances universitaires, sont tout de même ouvertes en moyennes 57 heures par semaine, contre 19h30 pour les bibliothèques municipales (30 heures dans les communes de plus de 30 000 habitants).

Réponse du 16 novembre 2008 aux commentaires postés

Je note derrière la plupart des commentaires un malentendu qui conduit à préciser les choses : la question des horaires est évidemment dépendante de la taille du bassin de population concerné et des moyens des communes. Je l’ai dit mais dois le redire encore plus fort et en donne bien volontiers acte. Quand on le lit sérieusement, on voit bien que le rapport Perrin porte surtout sur les grandes villes universitaires, pour lesquelles il propose des une démarche concertée université-collectivité locale avec le soutien financier de l’Etat. Il étudie d’ailleurs un panel de 22 villes ou la moyenne d’ouverture des bibliothèques municipales est de 39 heures par semaine (58 pour les BU).

Dans ce contexte, oui, les moyennes sont trompeuses, et celle qui me paraît la plus intéressante concerne les communes de plus de 30 000 habitants. Quant aux comparaisons internationales, elles mériteraient naturellement d’être effectuées pour toutes les tailles de population. Quant on cite les horaires d’ouverture dans de grandes métropoles, comme le fait la Gazette (40 à 67 heures pour Copenhague, Amsterdam, Helsinki, Birmingham, Helsinki, Turin, Valence, etc.), on ne parle des grandes métropoles, c’est bien évident.

J’ajouterais de plus que s’il y a en France énormément de communes, il y a aussi, me semble-t-il, énormément de petites bibliothèques à ces niveaux de population où on ne trouve guère d’équipement dans d’autres pays, en Allemagne par exemple. Il y aurait d’ailleurs là une intéressante étude à mener et je n’ai pas connaissance qu’elle l’ait été.

Rassurez-vous, on n’ouvre guère 30 heures en-dessous de 10 000 habitants, cela se comprend.

D’autre part, la contribution de Bernard Majour apporte de nombreux éléments intéressants à verser au dossier, et pas seulement pour les petites bibliothèques ! Je souscris à la plupart.

Cela n’empêche : il y a bien à mon avis, comme à celui de bien d’autres, un problème des heures d’ouverture des bibliothèque publiques en France, et sans doute des oppositions frontales sur cette question et sur le contexte auquel le rattacher. Assumons-les. Je me souviens encore de cette remarque de notre collègue allemand Peter Borchardt dans on article Les bibliothèques de lecture publique en France vues d’Outre-Rhin paru dans le Bulletin des bibliothèques de France n°5 de 2002, qui comportait à part cela de nombreuses appréciations élogieuses :

« Ce qui ne manque jamais d’étonner les bibliothécaires allemands, c’est la disproportion entre l’effectif du personnel et les heures d’ouverture. Nous constatons régulièrement que bien que les bibliothèques françaises disposent de plus de personnel que les bibliothèques allemandes, elles n’en continuent pas moins à offrir beaucoup moins d’heures d’ouverture. On voit bien que le dispositif français n’est pas organisé pour profiter des expériences et des travaux d’autres bibliothèques. On a l’impression que chaque bibliothèque travaille pour elle-même et qu’il n’existe pas de dispositif de coopération qui pourrait réduire les charges de travail interne du personnel, notamment en matière de constitution des fonds et de catalogage. »

Et j’ajoute ces extraits d’interviews menés en 2005 par l’équipe du Crédoc pour l’enquête qui a abouti à la publication de l’ouvrage Les bibliothèques municipales en France après le tournant Internent : attractivité, fréquentation et avenir, Bibliothèque publique d’information, 2007 (coll. Études et recherches) :

« Les horaires [de la bibliothèque], ça correspond aux horaires de travail, ce n’est pas très pratique. »

« Ce n’est pas adapté à la vie professionnelle. Il faut être à la retraite. »

« On devrait pouvoir y aller en emmenant les enfants à l’école ou après les avoir amenés, mais c’est fermé. »

« J’aimerais venir plus souvent mais, pour moi, c’est une contrainte de venir le samedi. »

« Les horaires sont trop compliqués. Tous les jours à la même heure, ce serait plus simple. »

« Pendant les vacances, je me fais toujours avoir, je ne sais jamais quand on peut venir. »

« Dans l’idéal, il faudrait que ce soit ouvert le dimanche matin. Les musées sont bien ouverts le dimanche. »

« Le dimanche, on pourrait emmener les enfants, quand on se promène et qu’on n’a pas grand chose à faire. »

« Il faudrait une boîte à l’extérieur pour déposer les livres. »

Je les citais dans mon introduction à un atelier organisé en décembre 2007 par le CNFPT dans le cadre des le cadre des entretiens territoriaux de Strasbourg sur le thème Nouvelles mobilités, nouveaux rythmes : Quels enjeux pour les services publics de la culture ?

Quelques remarques complémentaires :

  • C’est un sujet de politique publique locale qui ne concerne pas que les bibliothécaires, mais aussi les élus et cadres dirigeants territoriaux, et pend place dans la problématique plus générale de l’ouverture et de l’accessibilité des services publics(voir les démarches de type « bureau du temps » dans certaines municipalités).. C’est pourquoi il en est question dans la Gazette des communes. Dans mon article L’agent c’est de l’argent, paru dans BIBLIOthèque(s) n°40, octobre 2008, je fais l’hypothèse que l’amplitude d’ouverture est souvent une variable d’ajustement, une résultante des ressources allouées et de la façon dont elles sont utilisées. Elle devrait plutôt faire l’objet d’une politique consciente (toujours rapportée, naturellement, aux ressources raisonnablement disponibles).
  • La question des moyens n’est pas occultée par l’article de la Gazette ni le rapport Perrin, qui préconise l’emploi vacataire étudiant et recommande des aides de l’Etat. Mais cette question ne dédouane pas d’une réflexion sur la nature des tâches ni même sur la structure de l’emploi. On en reparlera par exemple quand on aura cessé de faire du catalogage artisanal ou de passer du temps à modifier des notices récupérées.
  • L’extension et/ou l’adaptation des horaires d’ouverture, répond principalement à deux besoins : emprunter/rendre, utiliser le lieu. Pour emprunter/rendre, il est commode de disposer de larges plages, à moduler selon les rythmes spécifiques de la population locale. Mais pour utiliser le lieu, l’extension est aussi commode. Je dirais que plus la bibliothèque est un lieu de séjour, plus les horaires devraient être larges, ne serait-ce que pour le public étudiant, s’il existe (dans une ville universitaire, bibliothèques publiques et universitaires accueillent de concert les étudiants, qu’on le veuille ou non, et voilà notamment pourquoi on en compare les hotaures d’ouverture). On n’ouvre pas seulement pour les emprunteurs, je renvoie aux conclusions de l’enquête du Crédoc. Il n’y a pas de rapport direct entre cette question et celle de la baisse (ou stagnation) des prêts et toute corrélation qui serait faite entre les deux devrait être démentie. Il y a par contre un rapport entre des heures d’ouverture large et la fréquentation d’un public occasionnel, qui selon les enquêtes est de plus en plus nombreux. Plus une bibliothèque est ouverte à la société, plus la frange d’usagers occasionnels s’accroît. Pour être ouvert à la société, il faut être ouvert, tout simplement, quand un cercle d’habitués peu s’accommoder d’horaires qu’il maîtrise.
  • Le temps passé pour l’accueil du public spécifique est évidemment à prendre en compte à divers titres (cela fait partie des publics touchés, cela prend du temps au personnel, cela peut dans certain cas empêcher l’accueil du public général) mais du point de vue du besoin d’ouverture à tous, c’est hors sujet.
  • Enfin, en ce qui concerne la fonction documentaire des bibliothèques, qui n’est pas la seule, répétons-le, il y a deux moyens, à part les horaires, pour faciliter la vie des gens : mettre des boîtes à documents (ça c’est 24/24 et 365/265) et permettre, dans le cadre de réseaux, de rendre ses documents ailleurs qu’à l’endroit où l’on a emprunté.

Je n’ai pas parlé du dimanche ? Parce qu’il n’y a pas à focaliser là-dessus, c’est une modalité parmi d’autre d’adaptation des plages d’ouverture. Mais quand on la pratique, ça marche, et un autre public vient. Peut-être veut-on fermer tout le week-end les musées, les cinémas et les théâtres… et les transports en commun ?

Je termine par une remarque personnelle : je n’ai certainement pas fait tout ce qui était en mon pouvoir, dans ma carrière professionnelle, pour faciliter les extensions d’horaire. Je prends ma part du problème.


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Segmentons

Posted by Dominique Lahary sur 11 novembre 2008

Je réagis un peu tard au billet de Lionel Dujol « Segmentons nos portail », qui commence par ces mots : « Un service égal à tous les usagers. Un positionnement historique des bibliothèques avec lequel j’ai quelques soucis »
Il me donne l’occasion (merci à lui) de me débarrasser d’un article qui me restait sur l’estomac. Le Bulletin d’informations de l’ABF n°158 (1er trimestre 1993) a publié sous ma plume une note de lecture sur la première édition de l’ouvrage de Jean-Michel Salaün Marketing des bibliothèques et des centres de documentation publié en 1992 par les Editions du Cercle de la librairie dans la collection Bibliothèques). Je mets en ligne cet article… pour le renier. Je le fais précéder d’un préambule où j’écris notamment ceci : « Le passage clé de cet article, c’est celui qui exprime le refus de la segmentation. Il est inspiré par une conception de l’usager abstrait. Aujourd’hui je retournerais le propos : « Bien sûr, la bibliothèque s’adresse à tous et à chacun, libre de se frayer son propre chemin. Mais elle se doit aussi de concevoir des services adaptés à différents types de publics : n’ayons pas peur de segmenter. »

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Non à l’éclatement de la filière d’Etat des bibliothèques

Posted by Dominique Lahary sur 3 novembre 2008

Je relaie bien volontiers une pétition qui m’a été anonymement transmise : « Non à l’éclatement de la filière des bibliothèques » émanant de « l’Intersyndicale des bibliothèques (CFDT – CGT – FO – FSU – UNSA) ». Nos collègues de l’Etat omettent simplement de préciser qu’il s’agit de la filière bibliothèque… d’Etat.

J’ai joins à ma signature ce commentaire : « Conservateur territorial de bibliothèque, je suis solidaire de la filière bibliothèque d’Etat. Une simplification statutaire est souhaitable, mais dans la concertation et en s’appuyant sur une analyse sérieuse de ses impacts prévisibles.« 

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