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Blog professionnel de Dominique Lahary, bibliothécaire. Mes propos n'engagent que moi.

Archive for octobre 2011

Eloge du chariot de retour

Posted by Dominique Lahary sur 31 octobre 2011

Chariot de retour à la médiathèque de Franconville (95)

Il ne paye pas de mine. C’est une modestie sur roulette, une humilité pratique, un simple dispositif technique accordant au document rendu par l’usager un temps de latence avant son rangement en rayon.

Oui mais voilà : bien souvent ce document ne rejoint pas sa place assignée car il est repris par un autre usager.

On pourrait n’y voir qu’un gain de temps appréciable : c’est toujours ça de moins à ranger. Mais c’est bien plus.

On sait bien que nos chariots de retour sont, pour peu que le public y ait accès, des pôles d’animation. On s’y presse comme au comptoir du bistrot, on y farfouille, seul ou à plusieurs, on y papote et on s’y sert. Pratique ! Pas besoin de se fatiguer à déambuler entre les rayonnages. Une commodité pour gens paresseux, pressés, suiveurs : puisque c’est là, c’est que des gens les ont pris, alors ça doit être bien.

Je ne crois pas un mot de ces deux dernières phrases, ou plutôt, je ne vois pas le chariot sous cet angle.

Car que dit l’engouement de tant de gens pour ce modeste élément de mobilier mobile ?

Il dit qu’on aime à farfouiller dans un petit choix.

Qu’on aime farfouiller tout court, comme dans le bac à chaussettes de certains commerçants.

Qu’on est attiré, au milieu de l’impressionnante galerie des œuvres proposées, rangées en rang d’oignon, par celles qui ont déjà servi et se présentent dans un aimable fatras.

Le chariot de retour, c’est la tête de gondole garnie par les usagers eux-mêmes, c’est la prescription entre pairs. Un petit bout d’horizontalité roulante dans la cathédrale (ou la chapelle) verticale.

Voilà pourquoi je me gendarme quand, appelé à donner mon avis sur un projet d’aménagement de bibliothèque, je constate que les chariots ne seront pas libérés au milieu des gens. Je hais les banques qui les emprisonnent ou les tapis roulants où disparaissent immédiatement, dès que rendus, les documents voués à un tri automatique.

Avec ce petit ustensile roulant il y a moins à ranger, et les gens adorent : tout le monde y gagne.

Libérons les chariots de retour !

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Non à la ligne claire !

Posted by Dominique Lahary sur 28 octobre 2011

Cette semaine où sort en salle le Tintin de Spielberg, loin de moins l’idée de condamner l’école de BD belge qu’on désigne sous cette expression, ce que rappelle la BnF ou Wikipedia  et qu’un blog célèbre. Elle a nourri ma jeunesse et mon adolescence et m’enchante encore, sans préjudice d’autres écoles.

Mais la ligne claire, c’est celle qui délimite des contours et sépare avec netteté l’objet ou le personnage du reste du monde.

Non à la ligne claire qui délimite la bibliothèque, l’enferme dans ce qu’elle est, la sépare de ce qu’elle n’est pas. Je parle ici de la bibliothèque publique, mais suppose que ma problématique peut valoir au-delà de ce champ.

A mesure que progresse dans les débats professionnels et politiques l’idée de multiplicité des usages et fonctions possibles des bibliothèques, un mouvement inverse s’exprime sous forme de rappel à l’ordre : « ce n’est pas le rôle de la bibliothèque de… ».

Cette injonction vient le plus souvent du milieu bibliothécaire, mais aussi parfois de cadres dirigeants territoriaux ou d’élus.

Elle repose sur l’idée d’une essence de la bibliothèque, qui serait menacée, qu’il faudrait protéger, et qui se maintiendrait, suppose-t-on, à travers les âges (depuis Alexandrie ?)

S’il est utile de considérer l’histoire des bibliothèques et de déceler des permanences et des filiations, les enfermer dans des contours dressés a priori n’a politiquement pas de sens.

La bibliothèque est un outil des politiques publiques locales. Ses contours peuvent varier en fonction des contextes locaux et des politiques locales.

Ici la bibliothèque abrite de l’aide aux devoirs, là ça se passe dans les maisons de quartier. Ici la bibliothèque dispose d’un espace publique numérique, là un cyberspace distinct jour ce rôle (ce qui n’empêche quand même pas de proposer à la bibliothèque des accès à Internet !). Ici la bibliothèque prête des jeux, là il existe une ludothèque séparée. Et j’en passe.

L’essentialité de la bibliothèque est, ces temps-ci, fréquemment brandie en réaction à la notion de bibliothèque 3e lieu où pour condamner l’introduction du jeu vidéo.

Tels les fixistes niant l’évolution des espèces, on trouve toujours des gens pour prétendre que l’essence de la bibliothèque précède son existence. Heureusement que nous sommes nombreux à… faire bouger les lignes.

Ce qui menacerait la bibliothèque, ce serait sa fixité.

Post scriptum

J’ai repris ce thème dans une intervention à Bruxelles le 20 décembre 2012 : diaporama, texte paru dans Lectures, la revue des bibliothèques de la fédération Walonnie-Bruxelles, n°182, septembre-octobre 2013.

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De Bibliosurf à Ebooksurf

Posted by Dominique Lahary sur 18 octobre 2011

Bibliosurf lance une nouvelle librairie numérique, Ebooksurf.com.

Selon Livres-Hebdo, Bibliosurf a beaucoup perdu en visibilité sur Google depuis la mise en place de Panda, une réforme de son algorithme qui pénalise les sites agrégeant des contenus.

Le créateur de Bibliosurf et d’Ebooksurf lançait un appel le 11 octobre dernier.

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