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Blog professionnel de Dominique Lahary, bibliothécaire. Mes propos n'engagent que moi.

Les bibliothèques et le mille-feuilles territorial, 8 : vers une coordination départements-régions ?

Posted by Dominique Lahary sur 24 novembre 2010

Le sort en est jeté : la réforme territoriale  est votée. Le texte établi par la commission mixte paritaire le 3 novembre 2010 puis voté de justesse au Sénat le 9 novembre et largement à l’Assemblée nationale le 17 novembre  marque la fin d’un feuilleton à rebondissement… à moins qu’une alternance en 2012 ne vienne remettre en cause tout ou partie du dispositif qui a désormais forcé de loi.

Résumé de la réforme

Les conseillers territoriaux :

  • Les 3 485 conseillers territoriaux appelés à siéger à la fois au conseil général et au conseil régional seront élus pour 6 ans à partir de mars 2014 au scrutin uninominal à deux tours sur la base d’un canton élargi, défini par décret.

Intercommunalité :

  • Élection au suffrage direct des conseillers communautaires des communes de 3 500 habitants et plus.
  • Création des métropoles (ensemble de plus de 500 000 habitants ou communautés urbaines, hors Île-de-France) avec notamment des compétences sur la « construction, aménagement, entretien et fonctionnement d’équipements culturels d’intérêt métropolitain », cet intérêt communautaire étant défini dans un délai de 2 ans. Par convention, le département peut transférer à la métropole des compétences culturelles, mais uniquement en matière de musée
  • Création à l’initiative des préfets des pôles métropolitains, établissements publics formés par plus intercommunaux rassemblant plus de 300 000 habitants (dont un plus de 150 000 habitants, ou 50 000 habitants s’il est frontalier) « en vue d’actions d’intérêt métropolitain en matière de développement […] de la culture […] ».
  • Les fusions d’intercommunalités et de communes sont encouragées et toutes les communes (sauf dans les départements 91, 92 et 93) devront avoir rejoint une intercommunalité d’ici au 1er juin 2013.
  • Le seuil pour créer une communauté urbaine passe de 500 000 à 450 000 habitants et pour une communauté d’agglomération de 50 000 à 30 000 habitants quand elle comprend le chef-lieu du département. Il ne doit pas y avoir de  communauté de communes de moins de 5 000 habitants sauf en zone montagneuse ou par dérogation préfectorale.
  • Il est établi dans tous les départements un schéma départemental de coopération intercommunale prévoyant une couverture intégrale du territoire par des communautés de communes, d’agglomération, urbaines ou des métropoles et la suppression des enclaves et discontinuités territoriales

Départements et régions :

  • Une région et les départements qui la composent peuvent fusionner.
  • Les départements et les régions perdront leur clause de compétence générale au 1er janvier 2015 mais la définition, de leurs compétences respectives est renvoyée à une loi ultérieure.
  • Les compétences en matière de culture, tourisme et sports peuvent être partagées par les communes ou intercommunalités, départements et régions.
  • Entre mars en juin 2014, les conseils généraux et régionaux peuvent élaborer un projet de schéma d’organisation des compétences et de mutualisation des services. Dans ce schéma, la culture est facultative.

Financements croisés :

  • Les subventions cumulées ne peuvent excéder le taux de 80%.
  • Les conseils généraux peuvent financer tout projet communal
  • Les cofinancements département-régions sont interdits à partir de 2015 pour les communes de 3 500 habitants et plus et les intercommunalités de 50 000 habitants et plus sauf adoption un schéma d’organisation des compétences et de mutualisation des services. Cette disposition ne concerne pas les subventions de fonctionnement dans le domaine de la culture du tourisme et des sports

Quelles conséquences sur la lecture publique ?

Un apparent statu quo :

  • La compétence culturelle étant partagée à tous les étages, la lecture publique peut s’y déployer sans frein légal.
  • Aucun des articles du Code du patrimoine concernant les bibliothèques n’étant modifiés, les bibliothèques municipales (transférables aux intercommunalités) conservent leur base légale et les départements détenteurs d’une compétence obligatoire en matière de bibliothèque départementale de prêt la conservent.
  • Les métropoles ne dépouillent pas les département de leur compétence en la matière, comme on a pu le penser un moment. Mais une éventuelle fusion d’une région et des départements qui la composent entraînerait évidemment une fusion de leurs BDP.

Un développement intercommunal possible :

  • L’achèvement de la carte intercommunale, les éventuelles fusions de communes et d’intercommunalités et l’interdiction (sauf montagne ou dérogation) des communautés de communes de moins de 5 000 habitants donne un cadre à une nouvelle étape possible du développement intercommunal de la lecture publique. Mais rien n’y oblige.
  • La métropole procure un nouvel espace ou peut se pratiquer un transfert partiel ou total des bibliothèques.

Vers un espace départementalo-régional ?

  • Rien n’oblige à inclure la lecture publique dans le « schéma d’organisation des compétences et de mutualisation des service » à la rédaction duquel sont invités les départements et les régions, mais rien ne l’interdit non plus.
  • Cette inclusion sera obligatoire pour autoriser le cumul des subventions départementales et régionales en matière d’investissement.

Conclusion

On dit souvent depuis quelque temps que la question des compétences est dépassée par celle des moyens. C’est que les collectivités territoriales subissent une raréfaction de leurs marges financières par amoindrissement des recettes et progression des charges obligatoires. C’est le co,ntexte dans lequel la réforme territoriale va s’appliquer.

Mais une autre réforme l’a précédée : celle de la fiscalité locale, la taxe professionnelle étant remplacée par une dotation de l’Etat. Cette disposition réduit considérablement l’autonomie fiscale des collectivités territoriales.

Ainsi est réalisée, peut-être plus efficacement par la réforme fiscale que par la territoriale, la transformation des collectivités en agences à qui l’Etat, qui se réserve la stratégie, c’est-à-dire la politique, sous-traite des compétences obligatoires, comme je l’évoquais dans le premier épisode de ce feuilleton.

Dans ce contexte, on a entendu s’exprimer dans les milieux culturels la crainte d’arbitrages en leur défaveur. Cela peut aussi concerner les bibliothèques. Cela peut susciter des appels à une plus grande clarification des compétences en la matière à tous les niveaux : c’est le sens du manifeste de la FILL qui concerne l’ensemble de la politique du livre et exprime notamment une revendication de reconnaissance du niveau régional.

C’est sans doute l‘occasion de dire que, réforme ou pas, conjoncture défavorable ou pas, le développement des services publics n’est guère envisageable sans accepter davantage de coopération, d’avantage de mutualisation, davantage de mise en réseau.

La lecture publique a connu ses trente glorieuses, singulièrement décalées des trente glorieuses économiques qui échouèrent sur la crise pétrolière de 1973, avec une gestion souvent endogène, commune par commune, voire lieu par lieu.

Il est sans doute temps de prendre davantage encore que cela n’a été fait le virage intercommunal : la loi autorise une libre détermination de l’intérêt communautaire et, derrière la palette des solutions administratives qu’elle procure, de faire RÉELLEMENT de la mutualisation et du service en réseau.

Il est temps aussi de confirmer dans le contexte d’aujourd’hui la compétence départementale issue d’une décentralisation effectuée en 1986 sur des bases marquées par le contexte rural, mais aussi avec un principe de rotation des fonds qui mériterait d’être appliqué en dehors de son lit d’origine.

Il est peut-être temps enfin d’explorer plus avant l’espace régional, qui présente la caractéristique de ne reposer sur aucune bibliothèque, mais peut constituer un échelon pertinent d’incitation, de coopération et de mise en réseau. « schéma d’organisation des compétences et de mutualisation des services » entre départements et région ? Et si on répondait « chiche » ?

Il est assurément temps, finalement, de prendre au sérieux ce mot de « mutualisation », en y ajoutant celui de « subsidiarité » qui incite à rechercher à quel niveau chaque action, chaque gestion est la plus pertinente. Car c’est un devoir que de gérer de la façon la plus vertueuse possible un service public qui, pour dépendre de multitudes de politiques publiques locales, l’en repose pas moins sur un maillage objectivement unique.

[Comme tous les billets de ce blog, celui-ci n’engage que son auteur]

Dernière minute : Loi n° 2010-1563 du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales :

Les dossiers législatifs des assemblées :

Aux entretiens territoriaux de Strasbourg le 2 décembre 2010 à 14h30  :

Les épisodes précédents de mon feuilleton :

Mon article dans le Bulletin des bibliothèques de France n°3, [février] 2010 :

Les bibliothèques dans le millefeuille territorial

20 Réponses to “Les bibliothèques et le mille-feuilles territorial, 8 : vers une coordination départements-régions ?”

  1. Benoit said

    A l’heure de la mobilité et de la dématérialisation, la bibliothèque n’est plus de quartier mais semper et ubique.

  2. Bonjour. J’ai souvent abordé ce thème et récemment ici :https://lahary.wordpress.com/2010/11/12/la-bibliotheque-contre-attaque/

    Si on réduit la bibliothèque à la fourniture d’oeuvres, de documentation, alors aujourd’hui il y a bien une « fonction bibliothèque » qui est assurée pare toutes sortes d’acteurs sur Internet 24h/24; 7j.7, 365 jours par an. Les bibliothèques physiques doivent en être conscientes. Elles peuvent d’ailleurs fournir des services à distance

    Mais elles ne se réduisent pas à ça. Il y a la médiation, l’accompagnement, la valorisation. Et aussi (surtout ?) toutes les fonctions d’un espace public, lieu de liberté individuelle et de lien social.

  3. redeler@cg68.fr said

    vous devriez modifier cette phrase : « Aucun des articles du Code du patrimoine concernant les bibliothèques n’étant pas modifiés » : elle veut dire que tous les articles ont été modifiés, alors que vous voulez sans dire le contraire. Pour beaucoup d’élus aujourd’hui, les bibliothèques n’ont plus lieu d’être : « il y a internet et les livres électroniques maintenant » (je cite). G. R.

  4. Yvonnic le Vertueux said

    Competence departementale, mutualisation, réseau, maillage etc…chanson connue. Une fois de plus nous avons droit au plaidoyer pro domo du bédépiste acharné bardé de ses obsessions. Rien de très nouveau… Toutefois, et vous le soulignez, le contexte économique n’est plus tout à fait en adéquation avec le discours! Et je trouve que vous n’en faites pas grand cas. Ah si : « Dans ce contexte, on a entendu s’exprimer dans les milieux culturels la crainte d’arbitrages en leur défaveur « . Quels pessimistes ces culturels !

    1) Oseriez vous soutenir que la majorité des BDP vont conserver des budgets suffisants, et ce dès 2011, pour assurer voire developper leur mission de service en réseau ?

    2) Les BDP avaient vocation à disparaitre (c’est sur le site de l’ADBDP), notamment en terme de desserte en documents, pour se recentrer sur des missions de conseil, formation, animation. Et voilà qu’elles redeviennent plus indispensables que jamais…(vous signalez toutefois prudemment que les bibliothèques ne se reduisent pas qu’au document. Bien sûr…)

    3)Vous semblez croire que l’achevement de la carte intercommunale va amener de façon magique les élus locaux à adopter des politiques volontaristes,et ce en pleine crise de la fiscalité locale. Bien sur que non. Et vous le savez très bien. Ils se reposeront une fois de plus, et plus que jamais, sur la jambe de bois bédépiste, l’alibi de toujours pour pallier le manque de volonté politique.
    Sauf que la jambe en question aura beaucoup maigri entre temps.

    C’est quand mème amusant de rappeler que les BDP sont nées d’une volonté décentralisatrice et que, localement, elles ne cessent d’agir de façon centralisatrice et uniformisante, et ont créé une veritable situation de dépendance des collectivités locales à leur endroit.

    « c’est un devoir que de gérer de la façon la plus vertueuse possible un service public (…) »

    La lecture publique n’est pas un service public obligatoire, je vous le rappelle. Il est donc tout à fait possible de l’enterrer en toute vertu !

    C’est bizarre mais j’ai l’impression que le constat, maintenant évident, que de plus plus d’usagers utilisent les bibliothèques pour autre chose que l’emprunt de documents, va servir d’argument pour diminuer les budgets d’acquisition. Et puis il restera toujours Internet (tu vas sur facebook gratos à la mediathèque!). Et pour le lien social, pas besoin de trop de moyens, il suffit de faire de belles phrases et des z’animations (mème que c’est la BDP qui fournit tout clés en mains, si, si!)

    Bonne continuation dans les années piteuses à venir!

    PS; Je me permets, une fois n’est pas coutume, de vous féliciter pour la bonne tenue du dernier numero de Bibliothèques, tant dans les thématiques que dans la manière. Des esprits chagrins vous y trouveront certes un peu trop présent, mais pour une fois on ne s’en plaint pas.

  5. Rapidement :
    – pas de plaidoyer prodomo ça n’a pas d’intérêt, au reste je ne suit plus pour très longtemps dans les BDP (vu mon âge). Si vous le prenez comme ça tant pis (pour vous)
    – pas de doctrine a priori sur la fourniture documentaire par les BDP c’est selon les endroits et des politiques.
    – je ne crois pas à la magie intercommunale, j’indique seulement qu’elle peut être le terrain de volontés (professionnelles et politiques) : tout est possible, rien n’est obligatoire
    – votre analyse antiBDP généralise hardiment. Pour ma part je suis contre l’uniformité et le centralisme et applique ces principes.
    – vous me rappelez ce que tout le monde sait
    – l’usage réel des bibliothèques au-delà du documentaire, n’a pas à être caché sous prétexte que cela donnerait prétexte à baisse de moyens.
    Bonne continuation, les années dans lesquelles nous sommes sont difficiles mais peuvent être intéressantes.

  6. Yvonnic l'Optimiste béat said

    En 2009 (!) les subventions aux associations culturelles ont baissé de 20% (source Livres-Hebdo). Il y a des indicateurs qui ne trompent pas…

    Le discours anti-documents, qui commence à se répandre un peu partout, en liaison avec le constat de l’importance que représentent les « séjourneurs », est peut-être faussé.

    Ces usagers non-emprunteurs ont rassuré la profession, atteignant des taux proches de 40% voire davantage. Ils sont la preuve vivante, et desormais visible, palpable, que les nouvelles missions des bibliothèques sont bien réelles, crédibles, légitimes. ( Qui en effet aurait osé parler de lieux de lien social à l’époque où l’on ne faisait qu’y emprunter.)

    Alors les theoriciens théorisent à tout va dans la pompeuse euphorie verbale qui leur est coutumière:  » la médiation, l’accompagnement, la valorisation. Et aussi (surtout ?) toutes les fonctions d’un espace public, lieu de liberté individuelle et de lien social. »

    Mais paradoxalement, qui nous dit que ces visiteurs enchantés seraient aussi assidus dans des lieux ou le document deviendrait progressivement rare, annexe, aléatoire? Que savons nous tres exactement du profil de ces usagers ? Nous savons qu’ils aiment les metres carrés, les places assises,les coins « cosy », les grosses collections de periodiques, les accès publics internet, la proximité geographique (ils viennent à pied). Nous savons donc déja qu’en l’absence de ces marqueurs, ils sont absents. Mais nous n’avons pas encore essayé de leur proposer des lieux où il n’y aurait QUE cela (et quelques animations ponctuelles)

    Quand un grand musée fait une retrospective sur un artiste, là ou mille autres sont exposés, il y a du monde. La meme retrospective dans un lieu dédié à ce seul artiste n’attire pas. Pourquoi?

    Vous avez la réponse quand vous choisissez un supermarché par rapport à une superette de quartier, alors que dans les deux cas, vous n’avez pourtant qu’un kilo de patates à acheter.

    Laissez s’effilocher les fonds de documents et vous verrez vos séjourneurs, amateurs de liberté individuelle et de lien social, disparaitre doucement. Et pas mal de vos théories prendre moisissure.

    L’avenir nous le dira de toutes façons puisque les credits diminuent et que le document éphémère et circulant ne le remplacera qu’un temps, touché lui aussi par la rareté des credits.

    Mais c’est vrai que vous serez déja en retraite…

    Cordialement

    PS. Vous me dites que je vous rappelle ce que tout le monde sait (a propos du fait que les bibliotheques ne sont pas un service public obligatoire). Vous connaissez bien mal les publics. Eux sont persuadés du contraire. J’ai par ailleurs assisté il y près de 20 ans à la suppression d’une bibliothèque par simple déliberation du conseil municipal. Je peux vous dire que ce sont des souvenirs qui marquent…

  7. Il n’y a pas d’opposition entre offre documentaire (qu’il faut prendre au sérieux, j’y reviendrai) et séjour.

    On est toujours le pompeux de quelqu’un. Vous même aussi.

    Pour les suppressions de bibliothèque, voir en ce moment la Grande-Bretagne en ce moment et la belle mobilisation qui s’y développe :

    http://www.cilip.org.uk/get-involved/campaigning-toolkit/Pages/default.aspx

    http://biblioworld.canalblog.com/archives/2011/02/17/20415497.html

    http://www.bibliofrance.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1118:lnational-library-action-dayr&catid=57:-articles-de-bibliofrance&Itemid=38

    Bonne soirée.

    • aimable said

      Tiens donc ? Le fameux modèle anglo-saxon aurait-il du plomb dans l’aile ? Ce serait l’occasion de ressortir des cartons les récits de voyage émus et les jugements dithyrambiques des apôtres de la gestion libérale des services publics. Mais en disqualifiant la vocation de conservation des bibliothèques, les mêmes se sont prémunis contre la honte d’être un jour confrontés – par un historien de la profession ou un élève de l’Enssib qui s’intéresserait à autre chose qu’au management – à l’obscénité des leurs prises de position passées. Ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Personne n’ira leur chercher les poux dans la tête.

      Aimable.

      • Vous n’y êtes pas du tout.
        Il s’agit de la campagne actuelle contre les mesures de réduction des moyens des bibliothèques publiques ou de fermetures de bibliothèques publiques :
        http://biblioworld.canalblog.com/archives/2011/02/17/20415497.html
        http://www.bibliofrance.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1118:lnational-library-action-dayr&catid=57:-articles-de-bibliofrance&Itemid=38
        http://www.cilip.org.uk/get-involved/campaigning-toolkit/Pages/default.aspx

      • Anonyme said

        Mais justement ! Qu’est-ce qui inspire « les mesures de réduction des moyens des bibliothèques publiques » et les « fermetures de bibliothèques publiques », sinon l’idée (libérale) que les bibliothèques dérogent à la vision comptable du monde ? Décidément, c’est vous qui n’y êtes pas du tout.
        Aimable.

      • Vous amalgamez, avec votre fourre tout idéologique du « libéralisme », la politique actuelle du gouvernement conservateur, qui attaque les services publics, et votre opinion négative de la public library qui est pourtant un service public, relevant de politiques publiques, et qui est défendu comme tel par les professionnels et la population.

      • Anonyme said

        « la politique actuelle du gouvernement conservateur » : ça fait plus de trente ans qu’elle est à l’oeuvre, cette politique. Voyez ce que sont devenus certains services publics britanniques : hôpitaux, transports en commun, écoles – pour ne parler de ce qui est le plus connu. Quant à savoir si la population les défend, il faut croire que non, puisqu’ils se dégradent et que celle-ci s’en accommode : on ne peut pas toujours déresponsabiliser les victimes du devoir de défendre elle-même leur dignité.

        Je vais être dur avec vous, Lahary : vous avez la mémoire aussi courte que les journalistes, lesquels ne voient jamais au-delà de l’événement ; aussi, de leur point de vue étriqué et mesquin, tout est-il toujours nouveau (il est vrai que cette vision du monde est très rentable : elle fait vendre une presse qui, par définition, est toujours « à sensation », car elle (s’)étourdit avec l’événement).

        Je continue : à force de prêcher que les bibliothèques doivent se débarrasser de tous les ouvrages qui ne sont jamais lus et encombrent les étagères, c’est le savoir que vous liquidez – et donc la possibilité de voir plus loin que le bout de son nez. Vos prises de position en témoignent. Votre mépris se paie comptant : d’une auto-complaisance qui frise la bêtise et de convictions endurcies jusqu’au dogme.

        Enfin ceci : le libéralisme n’est pas « mon fourre-tout idéologique » mais l’horizon idéologique de l’époque. Ne pas le voir, c’est avoir de la merde dans le yeux.

        Aimable

    • Yvonnic le Tatillon said

      Vous restez évidemment prudent : « Il n’y a pas d’opposition entre offre documentaire et séjour ». Je vais plus loin en affirmant qu’il y a un rapport direct entre une offre documentaire cohérente et de qualité et la fréquentation des séjourneurs. C’est l’une des conditions de l’attractivité du lieu, parmi d’autres, certes mieux identifiées pour l’instant.
      Mais je comprends votre prudence, vous qui vous etes fait le chantre permanent, sous couvert de mutualisation et à grand renfort d’invectives vis à vis des « collectionneurs », de politiques d’acquisition dénuées de sens et coupées des réalités publiques de terrain. Quand reconnaitrez-vous enfin qu’il ne peut y avoir aucun rapport entre la constitution d’un fonds documentaire normalisé et la circulation de documents ephemères constitués de bric et de broc au gré des passages de bibliobus plus ou moins bien achalandés ?
      Sans « poldoc » propre , c’est le nivellement par le bas, la fin des structures de proximité, et à terme l’uniformisation de l’offre sur un territoire.
      Laisser croire par ailleurs que l’offre virtuelle, appuyée sur une circulation effective massive des documents, remplacera avantageusement les fonds propres (qui peuvent aussi circuler mais de façon intelligente et partielle), est de mauvaise foi.

      A ce niveau j’ai relu recemment votre theorie sur les « fonds flottants » (dont vous precisez qu’elle n’a jamais été appliquée) et j’invite vos lecteurs à s’y reporter pour savoir jusqu’où vous pouvez aller dans la négation des fonds propres et l’uniformisation.

      Une question (serieuse) : parmi la grande quantité de reseaux existant actuellement, je cherche vainement des reseaux qui pratiquent, simplement sur des reservations individuelles (hors BDP) la circulation des documents (le document va au lecteur et non l’inverse), afin de determiner le rapport benefice/charge de travail/budgets. Avez-vous une piste ou quelques exemples à me communiquer ? Merci d’avance.

  8. 1. Je ne suis pas prudent, je pense qu’il faut prendre au sérieux l’offre documentaire.

    2. C’est vous qui voyez l’uniformisation où il n »y en a pas forcément.

    3. L’accusation de mauvaise foi est rarement un bon argument et je ne vous le retournerai pas. Les fonds flottants existent (cherchez « floating collections ») en Australie, en Suède, aux États-unis… Un lien entre autres (compte rendu d’un congrès de la Public Library Association américaine, dans le Library Journal : http://www.libraryjournal.com/article/CA6724683.html?talk_back_header_id=6647941

    3. Question sérieuse, posons-la à l’inspection générale des bibliothèques ou proposons un travail à l’Enssib. Mais un réseaux qui fonctionne vraiment en réseau satisfait ses usagers, il n’y a pas de doute là-dessus. Il en a donc plus et l’argent public est mieux utilisé. Pour le reste, je travaille sur cette question d’optimisation des coûts.

  9. D. Robillard said

    Une discussion vraiment intéressante sur la réforme des collectivités territoriales, mais aussi dans sa forme.
    Les deux principaux interlocuteurs des commentaires font preuve d’une érudition et d’une culture professionnelle remarquables. L’un d’eux se masque sous différents pseudonymes (Vertueux, Aimable, Tatillon, Optimiste béat), certainement ironiques, mais qui montrent tout de même l’estime qu’il a de lui-même. Ce qui me surprend, c’est son agressivité complètement inutile : le billet ci-dessus, les autres commentaires, ou même les réponses de Dominique Lahary n’ont pas d’éléments qui justifient ce ton.

    • aimable said

      @ Robillard, de la part d’Aimable.

      Une précision : « Vertueux » et « Aimable » ne sont pas les mêmes. Ne confondez pas pas le Maître (Aimable) et le plagiaire (Vertueux).

      A part ça, je vous le confirme : je m’estime. Mais c’est là ne rien dire : s’aimer, c’est-à-dire arriver à concilier ses fantasmes et le réel, c’est un minimum pour continuer à vivre en bonne santé. Et on en est tous là, n’est-ce pas ?

      Quant au ton employé dans les messages : il est parfois peu amène mais DL et Aimable sont un vieux couple sado-masochiste. Laissez-les faire : quel mal y a-t-il dans cette inoffensive perversion ? Par ailleurs, Aimable a la faiblesse de croire que Ses interventions sont toujours pertinentes et qu’elles donnent du sens à ce qui, trop souvent, en manque.

      Dixit.

    • Yvonnic le Cri de la Glèbe said

      Effectivement, monsieur Robillard, il n’y a qu’un Yvonnic, quel que soit le qualificatif qui le suit. Et mon agressivité est justifiée par le seul fait (et il vous faudrait pour cela relire toutes mes interventions et les réponses qui ont été faites) que l’on ne me répond JAMAIS sur le fond.

      Monsieur Lahary s’affiche dans une posture idéologique (en fait d’une extreme brutalité) de « réseautage » systematique qui règlerait tous les problèmes, alors que je lui répond en praticien local qui constate le contraire chaque jour. Et nos échanges ne portent du reste que la-dessus ou quasiment.(mefiez-vous du discours plebéien, m’a t’il répondu une fois …autant me traiter de populiste!)

      Evidemment s’il lui suffit de parler de réseau bien fait (les siens sans doute, ce qui suppose que d’autres ne fonctionnent pas parce qu’ils sont mal faits) et de citer des exemples de fonds flottants n’existant qu’à l’autre bout de la planète, pour que vous trouviez sa réponse satisfaisante, alors évidemment….

      Question : quelle est la validité et la cohérence de la constitution d’un fonds documentaire dans une bibliothèque dont 30 ou 40% des fonds sont constitués par le passage du bibliobus départemental ? En bon français, il fait comment, le bouseux rural, pour offrir à ses lecteurs un fonds documentaire équilibré ? Il réseaute, il fondsflottise ?

      A moins que tous les lectorats n’aient pas les mèmes droits ?

      Si c’est une question idiote, n’hésitez pas à le dire, je digère très bien les réponses franches. Ce qui m’est intolérable, ce sont les réponses biaisées, les incantations au bulldozer, et les discours d’idéologues qui ont pignon sur rue!

      Et ou avez-vous vu que l’agressivité était inutile ? Elle permet parfois à bien des blogs d’endormis, de consensuels ou de courtisans de s’éveiller un peu, non?

  10. […] VOIR LA SÉRIE D’ARTICLES : ICI […]

  11. […] 2008 à novembre 2010  j’ai en 9 billets tenu une sorte de feuilleton de la réforme territoriale vue du petit bout de […]

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