Un peu d’État, tout de même !
Posted by Dominique Lahary sur 12 décembre 2007
Je me croyais farouche décentralisateur. Fonctionnaire communal puis territorial, m’amusant des préjugés observés (parfois) chez (une partie) des bibliothécaires d’État sur les collectivités territoriales. N’attendant plus grand chose de l’État en matière de lecture publique, acceptant l’inégalité territoriale – le développement a toujours été inégal. Inégalité des moyens mais aussi des politiques. Et voilà qu’un communiqué du bureau national de l’ABF intitulé Prise de position du Bureau national de l’ABF concernant la présence de conservateurs d’Etat dans les BMC me fait comprendre les limites de mon a-étatisme. C’est qu’à propos d’un sujet très particulier, ce sont les rôles respectifs de l’État et des collectivités territoriales qui sont redessinés, dans le sens d’un retrait quasi total de ce dernier.
Cela va jusqu’à préconiser la fin du concours particulier en faveur des bibliothèques municipales, intercommunales et départementales et de retirer la lecture publique des compétences des conseillers pour le livre et la lecture des Drac.
Or je constate dans mon activité de directeur de bibliothèque départementale que ces deux bras de l’Etat sont utiles. Même dépouillé de son volet « Fonctionnement », le concours particulier constitue une aide à l’émergence de projets d’équipement en bâtiments, mobiliers, informatique et les critères d’éligibilité contribuent à améliorer la qualité de bien des programme. Quant au conseiller pour le livre et la lecture, il est pour moi un partenaire efficace sur le terrain, non un double encombrant. Si le texte du BN de l’ABF était appliqué aujourd’hui, mon association m’aurait tiré une balle dans le pied. A moi, peu importe : il aurait tiré une balle dans les dispositifs qui contribuent au développement de la lecture publique, lequel passe encore par des équipements.
Non, le développement des équipements de lecture publique étant ce qu’il est, il n’est pas temps que l’Etat renonce à une politique d’incitation. Quant aux conseils généraux et régionaux, qui peuvent avoir leur propre politique incitative, ne les mettons pas, dans le contexte français, sur le même plan que l’Etat. Ils n’ont pas de statut régalien, ce ne sont que des collectivités parmi d’autres, sans hiérarchie aucune. La parole de l’Etat conserve sa spécificité, son poids particulier.
Non, il n’est pas temps pour la Nation de ne plus avoir de politique de développement de la lecture publique. J’ai déjà dit ailleurs en quoi je n’attendais pas qu’une association dont je suis membre reflète à tout moment mes opinions sur tous les sujets. Je demeure un membre fidèle. Mais avec une divergence de taille avec un texte certes cohérent mais non pragmatique, un texte qui me semble dangereux pour les bibliothèques françaises, c’est à dire pour la population.
PS : Ce billet ne se veut pas polémique. Le débat est public ; ce n’est dans mon esprit pas un débat contre l’ABF mais pour.
Voir le communiqué de l’Association nationale des conseillers Livre et lecture et celui de l’ADBDP.
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